dimanche 2 mars 2014

Les Graves de Julien 1998, rouge, Vignobles Pinaud, Bordeaux AOC

Depuis quelques semaines, j'ai l'immense privilège de déguster des trésors oubliés dans une cave à l'extrême fin du siècle dernier. Majoritairement des vins du Bordelais, de la fin des années 90. Je ne vous les présente pas individuellement parce que ce sont davantage des séances d'apprentissage et de découverte pour moi, pour tenter de décrypter les mystères du vieillissement des vins (et ils sont nombreux!), et d'autre part parce que beaucoup sont quasi introuvables aujourd'hui du moins dans les millésimes dégustés. Mais je ne peux résister à l'envie de vous parler de ceci.



Non, ce n'est pas un Graves. Non, ce n'est pas un Saint-Julien. Oui, c'est un "simple" Bordeaux AOC. Et c'est bien ça qui est extraordinaire. Il est vrai que nous sommes à Lussac, et que c'est donc en quelque sorte le second vin du château Vieux Busquet, en Lussac Saint-Emilion. Il n'empêche, ce Bordeaux n'est pas à proprement parlé conçu pour la garde. Je ne l'ai évidemment pas connu dans sa jeunesse, mais je me suis référé aux informations communiquées par les propriétaires sur leur site internet. 6-7 ans, pourquoi pas, mais 15?
Et bien... sans problème! Je procède toujours "à l'aveugle" avec ces bouteilles anciennes histoire de ne pas être influencé par une appellation. Et pour une fois il m'a été très aisé de repérer les cépages, j'avais la dominante merlot, complétée par 20% de cabernet franc et 10% de Cabernet Sauvignon. Le premier nez était légèrement sanguin, avec un brin de torréfaction, puis il s'est rapidement ouvert sur des notes de cerises assez marquées. En bouche, c'est extrêmement souple, les tanins sont tout fondus, la cerise circule allègrement et les notes végétales caractéristiques aux deux Cabernets font progressivement leur apparition pour me laisser sur une finale harmonieuse et bien longue. Un surprenant équilibre, l'acidité est modérée, l'alcool est sage et les tanins sont encore là bien que très soyeux. J'ai adoré.

Dans d'excellentes conditions, de nombreux vins ont une chance de traverser les âges et de surprendre. Et ce ne sont pas forcément ceux auxquels on s'attend. Dans ce lot magique, nous avions par exemple un Bourgogne Passe-Tout-Grains 1999 qui avait expiré, mais de peu. C'était prévu. Nous n'avons pas terminé la bouteille. Il en reste 4 ou 5 en cave, peut-être y aura-t-il un miracle pour l'une d'entre elles. Un Montagne-Saint-Émilion 1996 superbe, un grand moment, encore en pleine forme, sans réelles traces d'évolution et pourtant conservé debout! Un "Z" de Zédé 1998 acidulé mais bien portant qui pourra, peut-être, franchir le cap des 20 ans, ou encore un Fronsac buvable mais très fatigué. Mais c'est pour l'instant ce Bordeaux générique qui m'a le plus épaté. Il ne faut donc pas forcément investir dans des grands crus classés pour être charmé. On sera bien plus déçu de voir mourir un vin à 50 euros et plus. Je ne dis évidemment pas qu'il faut bouder des châteaux Palmer ou Figeac, ce serait dommage, ils offrent d'ailleurs davantage de garanties sur le long voire le très long terme, mais je dis simplement qu'il y a d'autres alternatives bien plus abordables financièrement pour se faire vraiment plaisir sur la garde.

Non, je ne suis pas prêt d'avoir percé les secrets du vin, à la bonne heure!

Le lien suivant vous mènera au Château Vieux Busquet

Ma note globale: 90/100

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire