jeudi 13 novembre 2014

Hugo 2004, rouge, domaine Calvet-Thunevin, Côtes-du-Roussillon Villages

Un monstre de vin!

Cet "Hugo" fait partie des vins français les plus corsés qu'il m'ait été donné de déguster. Et je ne parle pas uniquement des 15% d'alcool (pour un 2004!), mais aussi de la foule de tanins et de l'impression de puissance qui émane de l'ensemble.
Ce nectar provient des alentours de Maury, où l'on ne produit pas que des vins mutés, la preuve avec ce Côtes-du-Roussillon Villages. Au commande, on retrouve l'équipe Thunevin qu'on connaît bien à Bordeaux avec le château Valandraud et un négoce très actif. Ils sévissent également dans le Roussillon depuis qu'ils se sont associé en 2001 à un viticulteur du cru, Jean-Roger Calvet.
La gamme se compose d'une cuvée nommée Constance, très largement distribuée et au très bon rapport qualité/prix parait-il, et de deux ou trois autres cuvées plus confidentielles, et par conséquent plus chères, dont celle que j'évoque pour vous ici-même. Composée à 70% de grenache, la Syrah et, si je ne m'abuse, le Carignan se partagent le reste du gâteau.

A l'ouverture, le nez exubérant et changeant est d'une complexité épatante. On part sur un tapis de fruits noirs bien mûrs, puis arrivent des notes à caractère oxydatif telle la noix. Une réglisse impressionante est perçue en rétro-olfaction. Des arômes de chocolat noir font également partie du bal, c'est pas Maury pour rien ici, c'est sans doute aussi un des signes de l'élevage en demi-muid extrêmement bien maitrisé. J'ai également perçu un soupçon de rose au fil du temps, et un caractère cerise mûre plus affirmé au fur et à mesure que le nez s'est stabilisé.

En bouche, c'est colossal. Un peu trop, d'ailleurs. Il y a des vins qui méritent d'être carafés, pour celui-ci c'est presque obligatoire. L'attaque est assez suave d'entrée, avant de se laisser embarquer par des tanins plutôt musclés, en tout cas très nombreux. Le vin gagne petit à petit en profondeur au fur et à mesure de la gorgée, et débouche sur une longue finale aromatiquement très agréable et à l'amertume prononcée, mais dominée par l'alcool qui chauffe la gorge. Le vin d'hiver par excellence. ;-) Evitez les sauces pimentées pour l'accompagner sous peine de sensations décuplées, préférez une sauce chocolatée sur une biche bien tendre, par exemple. Une bouteille qu'on ne peut glouglouter comme un gentil vin de copain, mais qu'il faut apprécier gorgée par gorgée, qui m'ont arraché quelques "wow" d'ailleurs, mais c'est tellement imposant que j'ai moi-même eu du mal à terminer mes premiers verres.
En guise de comparaison, j'ai pensé à ces personnes hyper-intéressantes qui ont un tas de choses à raconter et à vous apprendre, mais qui monopolisent le crachoir et finissent par vous saturer. Ceci dit, après une bonne douzaine d'heures d'ouverture, le tourbillon s'est calmé, l'alcool a trouvé sa place et j'ai pu apprécier un équilibre bien plus agréable sur la demi-bouteille restante. C'est pourquoi le carafage si vous êtes pressés ou l'ouverture lente si vous avez le temps, c'est essentiel. Dix ans de bouteille, il lui faut au moins ça pour s'exprimer dans toute sa complexité. C'est un pur vin de garde, d'ailleurs il tiendra probablement tout aussi bien jusque dans les années 20!

Je n'ai malheureusement pas d'adresse à vous suggérer en Belgique pour commander ce flacon, c'est l'occasion d'aller faire un tour dans le Roussillon, ou de visiter le site web du domaine, ou encore de vous rendre au Grand Tasting, salon organisé par Bettane et Dessauve à Paris fin novembre.
Ma note globale: 89/100

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