samedi 6 septembre 2014

Nuits-Saint-Georges Premier Cru 2006, rouge, Domaine Michel Gros, Bourgogne

J'aime voyager le temps d'une bouteille à travers des zones viticoles méconnues, toujours en recherche de nouvelles sensations. Mais j'ai bien évidemment des ports d'attache, des fils rouges en quelque sorte, et la Bourgogne en fait partie. D'autant plus que c'est dans cette région (Beaune, Rully, Meursault...) que j'ai effectué mon premier réel voyage oenotouristique cette année, quatre jours de mai en immersion totale dans le monde du vin. Enfin totale, pas tout à fait, j'ai échappé au pigeage à la bourguignonne. ;-) Visite de plusieurs domaines, d'une tonnellerie, d'un magasin d'article viticole, accords mets/vins avec la gastronomie locale... Une organisation aux petits oignons orchestrée par notre prof oenologue Pierre Christman. Bref, un rêve éveillé!

La première visite s'est déroulée dans les installations du domaine Michel Gros, à Vosne-Romanée. La famille Gros, présente depuis plusieurs générations dans la région, a vu ses propriétés s'étendrent, jusqu'à se décliner sur quatre domaines autonomes aujourd'hui, ce qui peut prêter à confusion. Le plus connu étant certainement le domaine Anne Gros, il y a également les domaines Gros frères et soeurs à Pomard et le domaine Anne-Françoise Gros. La galère pour s'y retrouver, surtout que la Bourgogne étant de taille modeste, on identifie des vins en diverses appellations pour chaque domaine. A se demander comment les vendangeurs se débrouillent pour ne pas récolter les raisins du voisin. ;-)

La visite fut aussi instructive que goûtue! Des vins d'une qualité remarquable, d'une grande finesse, sans exception. Des nez vraiment très réussi, j'ai souvent comparé ce vigneron à un parfumeur en dégustant les échantillons qui nous ont été présentés au caveau. La particularité du domaine, c'est un monopole en Vosne-Romanée Premier Cru, le Clos des Réas. Mais c'est sur du très lourd que j'ai craqué en terme d'achat, ce Nuits-Saint-Georges m'est apparu d'une profondeur extrême et d'une grande puissance. Il s'agit d'un premier cru dont la parcelle n'est pas indiquée sur la bouteille, tout simplement parce qu'il y en a deux: Les Vignerondes et Les Murgers. Le tout sur 0.27 hectares, ce qui doit donner bien peu de bouteilles par an.



Au nez, c'est tout d'abord un peu citronné, un peu poivré aussi, avant de laisser apparaître un cocktail de fruits dominé par la myrtille et la framboise. Un nez captivant comme tout bourgogne qui se respecte, complexe et harmonieux, un ensemble si bien fondu qu'il n'est pas aisé d'identifier chaque composant séparément. Le bois est encore perceptible, mais de manière subtile pour apporter un peu d'épices à ce bouquet parfumé. Expressif et avenant quasi dès l'ouverture de la bouteille, j'aime!
Mais c'est surtout pour la bouche et sa structure stratosphérique que j'avais craqué lors de la dégustation in situ, et je suis un peu frustré au premier verre de ce côté-là. La matière y est, aucun doute là-dessus, une belle acidité bien dosée tout du long, et des tannins en nombre records, le vin se mâche presque. Jamais expérimenté ça sur un pinot noir. L'alcool est présent aussi sans en faire trop. Bref tout le monde est là mais de petits groupes se forment et ils papotent chacun dans leur coin plutôt que de tenir un discours uni. Une matière énorme donc, sans être envahissante pour autant, ça reste très savoureux. La finale est d'une longueur impressionante, toujours à dominante de fruits noirs. Le genre de vin qu'on boit lentement et avec attention, qu'on admire, qu'on respecte, qu'on vénère presque. Je suis juste un peu triste de ne pas avoir à nouveau ressenti cette magie, cette symbiose parfaite qui m'avais fait décoller du sol là-bas. L'enthousiasme d'être sur place? Je ne pense pas. Un voyage qui aurait un peu perturbé ce fragile équilibre? Peut-être. L'acidité me semblait un peu plus importante lors de ma première rencontre avec ce vin, c'est peut-être elle qui dynamisait et coordonnait l'ensemble. Je ne sais pas. Mais quoi qu'il en soit, ça reste une bouteille exceptionelle. Elle n'a pas bougé d'un poil sur deux jours ce qui m'a laissé tout le temps de l'ausculter en long et en large.

Le meilleur moyen de vous procurer cette potion magique, c'est d'aller sur place. Vous y serez assurément bien reçu. Vous trouverez les coordonnées sur le site internet de la propriété en cliquant ici

La gamme est très vaste, on y trouve des vins à prix plus doux mais pour celui-ci il vous faudra débourser environ 46 euros, ce qui est relativement raisonnable pour du premier cru en Nuits-Saint-Georges!

Ma note globale: 92/100

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