mercredi 12 août 2015

Trévallon 2004, rouge, Eloi Dürrbach, VDP des Bouches-du-Rhône

(Dégustation entamée aux alentours du 2 juillet)

Quel amateur de vin un tant soit peu curieux n'a pas, sinon goûté, au moins entendu parler de Trévallon? Des vins qui ont forcé le respect et l'admiration de tous sans succomber aux sirènes d'une appellation d'origine contrôlée. Je n'ai pas besoin de présenter ce temple du cabernet sauvignon en Provence, surtout que le site officiel en est un merveilleux porte-parole. J'y ai enfin goûté, et c'est le millésime 2004 que je me suis offert. A l'ouverture, le vin est d'une extrême jeunesse encore, épatant. L'élevage a eu le temps de se fondre sans doute, mais il est très peu perceptible. Au nez, on a cette complexité qui s'offre sans se cacher que j'aime tant dans les vins des Baux de Provence. Beaucoup d'épices, un peu de végétal, de mine de crayon, une pointe de fruits sauvages également, encore fort discrète à ce stade. Les notes florales sont par contre très évidentes, à dominante suave mais je ne peux pas placer un mot dessus. C'est sophistiqué, sans être exubérant, j'aime beaucoup. En bouche, la première chose qui m'interpelle c'est cette acidité vive et soutenue, que j'ai rarement rencontré dans ces contrées. Elle soutient le vin de manière dynamique mais sans agressivité. Ensuite arrivent des tanins qui sont plutôt fins, mais encore assez serrés à ce stade, ce qui rend le jus un poil astringeant lorsqu'il est bu seul. Et cela après une dizaine d'années, rendez-vous compte. Ce n'est pas une légende, ce rouge est un chef de file en terme de vin de garde. L'alcool est quant à lui merveilleusement intégré, je n'y ai quasi jamais pensé tout au long de la dégustation.
Le lendemain, non seulement le nectar n'a rien perdu, mais il est bien meilleur! Les fruits noirs sauvages sont maintenant plus dominants ce qui renforce le cocktail olfactif, les épices dévoilent davantage de muscade ce qui n'est pas courant, et les tanins se sont déliés, pour donner une bouche fluide et veloutée. La finale est d'une beauté renversante, très persistante au cours de laquelle les différents arômes se croisent. Même si c'est 50% syrah, 50% Cabernet Sauvignon, j'ai plutôt l'impression que le second prend les commandes, la Syrah jouant le rôle d'accompagnateur en retrait. C'est un très beau vin, travaillé de main de maître, qui vaut son pesant de cacahuètes. Et il faudra en aligner quelques-unes tout de même, ces flacons pouvant atteindre 40, 45 euros, ils ont tendance à prendre de la valeur avec l'âge, donc si vous avez une très bonne cave et que vous vous sentez l'âme d'un investisseur, ne négligez pas cette merveille, en sachant que vous en tirerez bien plus de plaisir en le sirotant. Ce 2004 devrait se livrer totalement d'ici 5 à 6 ans probablement. En tout cas, la flamme n'est pas prête de s'éteindre. J'ai passé un très bon moment, et je pense que mon bonheur aurait été complet si j'avais ressenti un peu plus de tonus, d'énergie en bouche. Cette bouteille, en tout cas sur ce millésime, joue davantage la carte de la finesse, et il en faut!

Ma note globale: 93/100

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