vendredi 11 juillet 2014

Le Poquelin 2011, rouge, domaine des Côtes de la Molière, Beaujolais

Il faisait chaud dans nos contrées, le mois dernier. Un temps évidemment orageux aussi, c'est toujours comme ça, le ciel nous fait payer chaque hausse de température, mettant en péril les barbecues que tout le monde s'empressait d'allumer en même temps dès qu'un week-end chaleureux se présentait. Même si les règles et les convenances ne sont pas mes tasses de thé en matière de vin, je n'ai pas particulièrement envie de vins corsés et exubérants pour accompagner la fournaise. Je n'ai pas non plus envie de rosés, même si j'en ai déniché de sacrément bons ces derniers temps (il faudra que je vous parle un jour de cette cuvée du Sud-Ouest signée Plaimont producteurs, abritée dans cette jolie bouteille en forme de carafe, si je parviens à remettre la main sur un de ces délices). Non, j'ai envie de rouge et de légèreté. Je vous présente donc tout d'abord ce vin naturellement vivant du Beaujolais, sans souffre, le Poquelin. Ce domaine produit également du Morgon, du Moulin à Vent, souvent en quantité confidentielle. Vous pouvez accéder au site internet via ce lienpour avoir un aperçu de la gamme.

J'ai appris l'existence du domaine des Côtes de la Molière via un blog. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du blog de la propriété, alimenté régulièrement par Isabelle Perraud, la compagne de Bruno, son vigneron. Des tranches de vie, des états d'âme, et des clés pour apprendre à déguster et apprécier leurs vins dans les meilleures conditions. Allez donc jeter plus qu'un œil sur ce blog passionné, passionnant, vivant!



Première surprise, la bouteille est cachetée à la cire. Une attention, une précaution que je trouve judicieuse, et qui invite déjà à la patience. Vous me direz qu'on parle de Beaujolais... oui, et alors?
Il y a plusieurs techniques pour déverrouiller le flacon. Certains choisissent de ramollir la cire sous la flamme, d'autres y vont carrément au marteau pour la casser. Sachez qu'en enfonçant un bon tire-bouchon "Sommelier" de manière traditionnelle, ça fonctionne très bien, la cire se fend ou se brise en libérant le bouchon, il suffit de veiller à ne pas en faire pénétrer des miettes dans la bouteille.

Nous avions une paisible soirée devant nous, heureusement. Parce que ce Poquelin a décidé de se la jouer en mode confidence. Il aura fallu plus d'une bonne heure avant qu'il ne se décide à causer, par bribes, en chuchotant. En effet, à l'ouverture, quasi rien. Le nez était pratiquement aux abonnés absents, et en bouche, un liquide proche de l'eau. A peine un vague perlant. Ce n'est pas mauvais, c'est simplement vide de sens, et c'est déroutant si on ne prend pas le temps de comprendre ce que cache cette bouteille. Si vos convives ont le verre vide, évitez d'ouvrir ce flacon pour parer au plus pressé, vous risquez le fiasco. Vous le risquez, je n'ai pas dit que ce serait assuré, parce qu'on a face à nous un vin naturel, sans additifs, et il se peut que six quilles de ce même vin décident de bavarder avec nous à des moments différents, dès l'ouverture ou plusieurs heures après. Mais si le vin vous contraint à l'attente, vous n'en serez pas déçu, bien au contraire. La cerise viendra vous chatouiller le nez, on trouvera du fruit rouge et des épices en bouche avec la rétro-olfaction, et surtout une jolie finale de longueur satisfaisante sur des notes poivrées et des accents de noisettes en plus de bâtons de réglisse. Un vin étonnant, extrêmement bien fait, mais qui n'est pas là pour tonitruer ou pour taper du poing sur la table. C'est très fin, très discret, il faut le boire avec beaucoup d'attention. En terme de structure, on a une acidité marquée et bienvenue, on sent très peu de tanins, et l'alcool est à peine perceptible, en fait on y pense même pas. On doit tourner aux alentours de 11,5%, c'est tout en souplesse que ce nectar traverse le gosier pour nous laisser sur une impression de légère sécheresse, comme si il fallait trouver un prétexte à la gorgée qui suit. C'est un peu facile, mais ce Côtes de la Molière est plein de poésie. On perçoit très bien la philosophie du vigneron tout au long de la dégustation, c'est assumé pleinement et c'est ce que je recherche. On peut adhérer ou non aux convictions d'un viticulteur, mais ce qui compte surtout c'est qu'il en aie et que ça se ressente, c'est mission accomplie avec ce Poquelin, gageons que les autres créations du domaine sont élaborées avec la même passion en proposant des styles différents, je n'hésiterai pas à les découvrir si l'occasion s'en présente.

Pour terminer, sachez qu'il me restait de quoi servir un bon verre le lendemain midi, et le vin n'avait absolument rien perdu par rapport à la veille, peut-être même un tout petit peu plus d'ouverture. Donc, pour ceux qui ont des craintes sur le manque de tenue dans le temps des vins sans souffre, même si on parle ici seulement d'une quinzaine d'heures, ceci devrait les rassurer!

Et pour vous procurer ce vin en Belgique, je vous suggère A Taste Affair, un caviste néerlandophone qui offre une sélection très pointue de vins dits "nature", en provenance de France, d'Italie, d'Espagne, d'Autriche ou encore de Slovénie. La livraison est gratuite (enfin c'était le cas sur ma première commande), mais cela semble se répercuter sur le prix des bouteilles à l'unité, un peu plus élevé que la moyenne. Mais vu la rareté de certains flacons, ça peut se comprendre.

Ma note globale: 81/100

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