lundi 25 août 2014

Château de Cruzeau 2005, rouge, Vignobles André Lurton, Pessac-Léognan

Ce qui est chouette quand vous ajoutez un an de plus au compteur, et que vos proches sont au courant que le vin est une religion pour vous, c'est que vous recevez probablement quelques nouveaux flacons à découvrir, et pas forcément ceux que vous auriez eu l'idée d'essayer vous-même. Une belle occasion d'élargir ses horizons ou de tordre le coup à ses préjugés... ou pas!

Cette bouteille m'a été offerte l'an dernier. Je vous emmène cette fois au cœur des vignobles André Lurton, au château de Cruzeau au sud de Pessac-Léognan. André Lurton, c'est du lourd en terme d'organisation. Une production de l'ordre de 4 millions de cols chaque année, deux cents personnes employées, une dizaine de domaines qui s'étendent sur 600 hectares, principalement en Entre-Deux-Mers (château Bonnet par exemple) et dans les Graves, en appellation Pessac-Léognan (citons le renommé Château La Louvière). Appellation encore assez récente puisqu'elle date de 1987, qui propose d'excellents vins blancs en sus des rouges, et c'est précisément André Lurton qui a joué un rôle important dans sa reconnaissance en tant qu'AOC. Un groupe viticole puissant donc, mais avec une grande expérience et fondé par un vigneron qui est toujours président de sa société, à 90 ans!



En terme d'assemblage, c'est assez régulier chaque année avec du cabernet sauvignon majoritaire à 55%, 43% de merlot et quelques larmes de cabernet franc.

A l'ouverture, le vin est un peu austère. Le nez est très classique Bordeaux, dominé par des arômes secondaires, un boisé très bien intégré, peu de fruits. En bouche, et via la rétro-olfaction, je découvre des notes de cire, de bougie. L'attaque est douce, l'acidité est très modérée, les tanins sont discrets, on ressent peu l'alcool. Un bel équilibre donc en terme de structure, mais l'ensemble est timide. La finale est déjà longue, sur des notes lactées. Un vin très bien fait mais un peu ennuyeux en l'état quand il est bu pour lui-même. Je croise les doigts pour que ce ne soit qu'un engourdissement après cette longue mise en veille en bouteille...

Et comme vous le savez si vous me lisez depuis que ce blog existe, le temps est mon ami. Et sa magie a encore opéré, ce coup-ci. Après 5-6 heures d'attente durant lesquelles j'ai laissé la bouteille gentiment ouverte, (je préfère cette méthode oxygénatoire que je trouve plus douce que la carafe), ce Pessac s'est révélé totalement. Au niveau aromatique, les fruits sont arrivés pour compléter la palette évoquée ci-dessus, des fruits noirs et un peu de cerise. Un soupçon de notes de fourrures animales ou de cuir par moment, de la réglisse à d'autres. En bouche, tout est resté en équilibre, mais en s'élevant d'un cran. J'ai mieux perçu l'acidité, les tannins se sont un peu éveillés, davantage de gourmandise et de profondeur au programme. Aucune verdeur à signaler. J'ai l'impression qu'il y a une grande maîtrise dans l'élaboration de ce Cruzeau, de la récolte à l'élevage. En même temps, Lurton est tout sauf un débutant! Toutefois, si j'avais dû localiser ce cru à l'aveugle, je serais plutôt parti sur la rive droite plutôt que sur la rive gauche, mais cet exercice est vraiment périlleux et j'espère m'améliorer à ce jeu d'ici un siècle ou deux!



Je ne déborde pas d'enthousiasme, mais je suis tout de même très agréablement surpris, et, je l'avoue, soulagé, de constater cette nette amélioration. Ce vin est donc bien un digne représentant de son appellation. Il me semble totalement prêt à boire si on prend la peine de l'aérer, neuf ans au compteur tout de même, mais il devrait rester à son apogée au moins 2-3 ans, et procurer encore un certain plaisir d'ici 10 ans, d'après ma maigre expérience en matière d'anciens millésimes bordelais.

Je vous laisse avec une première piste, le site officiel des vignobles Lurton. Je n'ai malheureusement pas de boutique en Belgique à vous suggérer pour acheter ce Cruzeau. A part peut-être Le Palais du Vin, qui semble être le distributeur officiel chez nous, mais qui est davantage réservé aux professionnels plutôt qu'aux particuliers.
Si vous en trouvez, faites-le moi savoir et j'ajouterai l'info à cet article.

Ma note globale: J'étais parti sur un 81 en début de dégustation pour souligner le savoir-faire derrière ce vin malgré ma frustration, mais je vais grimper jusqu'à 87/100. Ce n'est pas encore aujourd'hui que je ferai du "Bordeaux bashing..." ;-)

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    Vous pouvez retrouver le Château de Cruzeau rouge chez les cavistes suivants :
    - Drankenboetiek Saint-Vincent à Aalbeke
    - Fonval à Remouchamps
    - Bal & Meeus à Wommelgem

    Chloé Limousin
    Assistante Marketing
    SAS Les Vignobles André LURTON
    www.andrelurton.com

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  2. En voilà une bonne nouvelle! Merci pour ces précisions.

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