jeudi 12 février 2015

Château Haut-Bailly 2010, rouge, Pessac-Léognan, cru classé de Graves

Est-il bien nécessaire de vous présenter cette propriété star de Léognan? 30 hectares d'un seul tenant, fournissant uniquement en rouge, répartie sur un premier et un second vin pour une production atteignant sans mal 150 000 quilles. Une petite visite du <a href="http://www.chateau-haut-bailly.com/fr" target="blank">site officiel</A> vous en apprendra bien davantage.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins, et je sais que je ne me ferai pas beaucoup d'amis sur ce coup-là mais... je me suis ennuyé ferme avec ce vin. J'ai tourné et retourné cet article dans tous les sens, ne sachant pas trop comment aborder la chose. Oui, ce 2010 est techniquement proche de la perfection. Son point fort est un équilibre en bouche sans faille avec pourtant des tanins massifs et innombrables, une acidité moyenne contre-balancée par un alcool parfaitement intégré donnant lieu à une impression veloutée ou de sucrosité au fur et à mesure que le vin tapisse le palais. Et la conséquence de cet équilibre, c'est une finale d'une longueur peu commune, proche de la minute dès l'ouverture de la bouteille. C'est tout ce que je retiendrai. Pourtant c'est formidable, me direz-vous? Qu'est-ce que je pourrais bien vouloir de plus? Sauf que sur les 48 heures passées avec cette bouteille, je n'ai pas vibré une seule fois, pas un frisson, pas un "wow", pour la bonne et simple raison qu'il n'y a pas d'âme, pas de magie. L'aromatique est désespérément classique avec un nez très moyennement expressif. Elle se décline sur un boisé déjà très bien fondu, un peu de fruit noir type framboise, et des notes à caractère végétal typique du cabernet qui n'apparaissent qu'au bout de 24 heures, un peu comme si le maquillage s'effritait.

Évidemment, c'est un vin conçu pour une garde de compétition et bien sûr, je l'ai ouvert à peine sorti de l'oeuf. Sauf que tout grand vin taillé pour la garde offre des étincelles, un mode de lecture qui donnera déjà un certain plaisir immédiat (soit impressionnant, soit émouvant) et surtout donnera envie de l'encaver. Ce sera sans moi sur Haut-Bailly. J'aurai peut-être un tout autre avis si je devais le regoûter en 2030, mais je n'en suis pas du tout certain.

Tout cela n'aurait guère d'importance si ce vin était vendu à un prix convenable, que je situe entre 25 et 30 euros dans ce cas précis. Sauf que ce cru classé de Pessac-Léognan allégera votre bourse de plus de 100 euros, avis aux amateurs.

Pourtant dieu sait si j'aime les vins de Bordeaux. Pour rester sur la même appellation, le Château de Fieuzal m'a littéralement fait décoller du sol sur son millésime 2010, dégusté sur un salon après un déjà merveilleux 2012 (qu'on trouve à moins de 30 euros, d'ailleurs). J'ai également beaucoup d'affection pour le blanc de Pessac en provenance du Château Carbonnieu. Malartic Lagravière, un peu plus cher, mérite également qu'on s'y intéresse. Sur Saint-Estèphe, j'ai éprouvé beaucoup d'émotions avec un Phélan-Ségur 2012 tout en finesse. Donc même jeune les grands vins de Bordeaux peuvent dégager une superbe personnalité. Mais quand on se permet de vendre pour 118 euros l'unité, (déjà un peu moins cher qu'en primeur si mes informations sont bonnes... désamour?), il s'agit d'offrir autre chose qu'un vin technologique au look de "premier de la classe". Je ne fustige pas tous les vins à 3 chiffres, mais j'insiste uniquement dans ce cas précis, il y a vraiment de quoi.

Pour terminer sur une note plus positive, vous trouverez une large sélection de Bordeaux, prestigieux ou pas, chez <a href="http://www.magnuswijnen.be/" target="blank">Magnus Wijnen</A>, encore une adresse hautement recommandable et pas seulement pour cette région vitivinicole!

Ma note globale: 82/100. Le prix étant un critère secondaire dans l'attribution de ma note, j'aurais pu être bien plus sévère étant donné l'indécence de celui-ci. Enfin, puisque je me dois de rester objectif, notez tout de même que les pros, Robert Parker ou James Suckling par exemple, lui donnent allègrement 98/100. Alors je ferais sans doute mieux de la boucler, non? ;-)

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