vendredi 20 février 2015

Ode au Narince (1/3): Kayra Terra Narince 2012, blanc, Turquie

Avec cet article, nous entamons une série qui nous entraînera dans un périple au coeur des vins turcs. Nous allons tout d'abord comparer trois vins blancs basés sur le cépage Narince.

Pour avoir passé quelques séjours en vacances dans ce pays, j'ai pu me rendre compte sur place que la qualité était au rendez-vous, propulsée à l'aide de cépages autochtones dignes d'intérêt, mais qu'il est encore assez compliqué de se procurer sur place des flacons fiables et à des prix corrects en tant que touriste mal informé. J'ai encore le souvenir de petites superettes non-climatisées où trainaient des bouteilles plus douteuses les unes que les autres, entre étiquettes rafistolées et muselets abîmés. Mais la chance m'a parfois souri, et cela a suffit pour aiguiser ma curiosité. Si des maisons telles que Kavaklidere ou Doluca sont installées depuis de nombreuses années et fournissent assez bien à l'export, de jeunes établissements audacieux tentent de se faire une place au soleil. Et c'est grâce à cette providentielle boutique allemande, Gourient, que j'ai pu me procurer une série de flacons afin de continuer l'exploration des trésors liquides turcs confortablement installé à la maison.

Entrons sans plus attendre dans le vif du sujet avec le premier blanc en provenance de la maison Kayra dont les installations se trouvent dans la province d'Elazig en Anatolie, sous la supervision de l'oenologue américain Daniel O'Donnell qui avoue qu'il y a encore tout à découvrir parmi la foultitude de cépages locaux. Le cépage Narince est mon petit chouchou en ce qui concerne les blancs. Il se plait bien au contact des barriques, mais les trois quilles que je vais vous décrire n'ont connu que les cuves, afin de permettre une expression pure de ce cépage qui le mérite bien.

Le nez est très séducteur d'emblée, vraiment plaisant. La pomme verte prend les commandes, suivie de prêt par d'autres fruits blancs, des fleurs et une légère dimension minérale. Je n'y trouve pas d'arôme rare, mais l'ensemble est très cohérent. On pourrait bien sûr penser à du Chardonnay de climat chaud avec une telle aromatique, mais la bouche me fait davantage penser à du Verdicchio, cépage ayant la cote en Italie, dans les Marches. Il y a un perlant presqu'imperceptible qui amène sa part de fraîcheur, mais c'est plutôt l'onctuosité qui prévaut. L'acidité est là, mais en retrait. Si il y en avait davantage, je pense que ce vin serait une véritable bombe, parce que la bouche est opulente, une belle concentration des arômes perçus à l'olfaction donne lieu à un vin qui prend de la place autour du palais, mais sans aucune vulgarité. La finale me réchauffe juste ce qu'il faut, et elle est d'une longueur épatante. 12,8% d'alcool, et ça lui va parfaitement bien. Longue finale donc, aux accents fruités, avec une amertume toute légère qui ajoute du sérieux à l'édifice. C'est propre, belle bouteille, et pour 8,90 EUR, voire même 7,50 EUR en promo chez GOurient en ce moment, je vous assure qu'il y a de la matière!

Ce n'est pas complexe, mais ce n'est pas simpliste non plus, on est vraiment entre les deux ce qui fait qu'il sera un partenaire généreux pour l'apéro, et même si c'est un accord classique de chez classique, il embellira un beau poisson, juste grillé. Les deux Narince suivants apporteront-ils autant de satisfaction?

Ma note globale: 87/100

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