jeudi 5 février 2015

Quitou.com, pack 2: le blanc à l'honneur

Bienvenue pour ce compte-rendu de dégustation chardonnesque, deuxième face à face proposé par le site Quitou.com. Deux blancs français mais de coins différents vont tenter de nous livrer leurs secrets, cet épisode nous propose d'apprivoiser ce caméléon de cépage qu'est le Chardonnay.

A ma gauche, l'Artisan 2012, un Chardo languedocien. Sous la bannière de Laurent Miquel, on trouve deux vastes propriétés, Cazal Viel dans la zone d'appellation de Saint-Chinian, et Les Auzines, plus bas sur Corbières. Cela donne lieu à une kyrielle de vins différents de toutes les couleurs, classés en diverses gammes: les vins d'appellations, les mono-cépages, ... J'ai aperçu qu'on y produisait un Albarino en feuilletant le site web de la maison, voilà qui attise ma curiosité. Mais revenons plutôt à ce 100% Chardonnay, qui, toujours selon le site officiel, a été élevé pour moitié pendant 5 mois en barrique. La dégustation me fait penser à 18 mois plutôt qu'à 5, mais soit!

A ma droite, le Mâcon-Fuissé 2012 du Château Vitallis. L'appellation permet de situer aisément ce domaine au sud de la Bourgogne, sur les communes de Fuissé et Solutré. Denis Dutron n'y produit à priori que du blanc, deux Pouilly-fuissés, un Saint-Véran, et du Crémant. Mais c'est en l'occurence le Mâcon-Fuissé qui nous intéresse ici, c'est d'ailleurs le premier que j'ai la chance de déguster, je manque donc de références. Ce vin est produit à partir de vignes trentenaires et est élevé en cuve.

Je ne vous fait plus languir, voici ce que j'ai pensé de la cuvée "L'Artisan": élevage très intrusif au départ, on ne sent quasi que du bois au nez, j'ai l'impression que je vais croquer la barrique qui a couvé ce vin. En bouche, un peu de banane, de poire et de fleurs sucrées parviennent à surnager à travers les planches. Ce qui est un peu plus intéressant, c'est que l'attaque se fait très moelleuse, beaucoup de gras pour commencer, avec pourtant une pointe inattendue de fraicheur en finale. L'alcool est bien intégré donc on est loin d'être sur un vin pataud. La finale est de longueur moyenne, sur des notes de caramel et apporte une légère amertume bien agréable. Après quelques heures, en terme d'arômes je parviens enfin à mettre un nom qui se rapproche d'un parfum bien particulier, un peu chimique. Vous savez, ces petits bonbons à croquer en forme de pastilles... on en trouve certaines variantes sous la forme de colliers. C'est original.

Et du côté du Mâcon-Fuissé alors? Le nez du bourguignon est un peu moins exubérant mais plus racé, sur des notes d'agrumes (pamplemousse) et de beurre-citron, il annonce beaucoup de fraicheur et j'ai l'impression que ce vin peut permettre de bien jolis accords à table. Derrière ces agrumes se faufilent une ou deux pommes vertes. En bouche ça se confirme, belle acidité même si on est loin de Chardonnays tranchants comme on en trouve davantage au nord de la Bourgogne. Un petit peu de gras s'installe en milieu de bouche avec sa couronne de fleurs parfumées. L'alcool est un peu plus ressenti en finale mais rien de dramatique. C'est juste un peu surprenant, étant donné les climats différents et l'origine de ces deux vins, on aurait pu s'attendre au contraire à ressentir davantage l'alcool sur le Languedocien. La finale est de longueur assez moyenne, sur des notes vaguement miellées.

Je constate avec joie que les deux vins n'ont quasi pas bougé sur deux jours. Le sudiste s'est même amélioré, il a gagné en longueur finale, le nez s'est orienté vers des arômes un peu plus sucrés type grenadine. Si le vin du Languedoc est probablement à boire pour ce qu'il est maintenant ou dans les deux-trois prochaines années, le Mâcon-Fuissé pourra supporter voire bénéficier de quelques années de plus en cave si on le souhaite. Ce qui est important à retenir avec cet exercice, c'est la différence entre élevage en cuve et élevage en barriques. Lorsque ce dernier est bien réalisé et à petite dose, cela peut vraiment apporter un plus en terme de structure au vin, donc je ne suis pas aussi catégorique comme peuvent l'être certains contre le bois, il faut simplement éviter que celui-ci domine et étouffe la matière, ce qui rend généralement le breuvage ennuyeux. J'ai néanmoins aimé l'originalité de "l'Artisan", et je remonte légèrement ma note suite à ces améliorations relativement inattendues. mais j'ai davantage vibré avec le Mâcon-Fuissé. Son prix de 10,90 EUR en fait une affaire plutôt intéressante.

A défaut de coup de coeur ultime jusqu'à présent, ces dégustations comparatives sont décidément fort enrichissantes! Stimuler les nasaux sur deux verres côte à côte, ça aiguise les sens. A quand un comparatif entre Puligny et Chassagne? Bon d'accord, je me tais... ;-)

Ma note globale: Artisan 2012: 77/100, Mâcon-Fuissé 2012: 84/100

Le troisième pack concerne les bulles, miam, avis aux amateurs!

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