vendredi 9 janvier 2015

Quitou.com, mes impressions sur le pack numéro 1

C'est le début d'une belle aventure qui se dessine. Un projet belge, ambitieux et dans l'air du temps. L'idée? Apprendre à démystifier le vin, en visionnant des vidéos didactiques en ligne, tout en dégustant les bouteilles chez soi. Les tarifs sont raisonnables, et la boutique sur le site permet d'acheter les vins qui vous auront convaincus. Ce qui me plait, chez Quitou (Jean-Christophe Cools), c'est son esprit de synthèse que je trouve fort développé. C'est assez rare de nos jours, et ça fait du bien parfois de rassembler des concepts et des idées efficacement dans ce monde si vaste qu'est celui du vin, où les débats et les remises en question sont légions.
Allez donc jeter un oeil sur Quitou.com!

Attention, si vous tentez l'exercice, ne lisez ce qui suit qu'après l'expérience, il y a du spoil dans l'air!

Le Rhône et le Blayais se mesurent lors de ce premier round. Rouge à rouge. A ma gauche, le Côtes-du-Rhône "Roulepierre" 2012de Pierre Amadieu, à ma droite, le Château Pey-Bonhomme-Les-Tours 2012 des Vignobles Hubert en biodynamie en appellation Blaye-côtes-de-bordeaux.

Le Rhône est dans les starting-blocks. Il est déjà relativement prêt à tenter de me séduire dès l'ouverture de la bouteille. Le nez est d'intensité assez moyenne, mais plutôt agréable sur des fruits bien mûrs et un petit peu d'épices de la garrigue qui trahissent volontiers son origine. L'alcool est également perceptible au nez, et cette sensation sera confirmée par la bouche. C'est malheureusement souvent le petit piège dans lequel tombent une bonne part des Côtes-du-Rhône à majorité Grenache. Cependant, ce vin échappe de justesse à la lourdeur grâce à une fraîcheur acidulée qui vient soulager le palais. En rétro, l'impression fruitée se confirme plus nettement, avec un côté peu courant qui me plait me rappelant les abricots, voire les fruits secs ou les pruneaux. Les tanins sont bien enrobés. L'alcool réchauffe le gosier sur une finale rondelette, de longueur raisonnable. Un flacon à mon sens davantage tourné vers la table que vers le plaisir en solitaire. J'ai bu plus exaltant en "simple" Côtes-du-Rhône, mais c'est tout de même assez bien fichu et ça parle local, il y a du savoir-faire, et je serais curieux de découvrir les Gigondas de ce domaine si l'occasion se présente.

Ma note globale: 79/100

La belle surprise viendra de ma droite. J'ai tourné le dos aux Côtes-de-Blaye depuis un moment déjà, parce que je n'aime pas qu'on me voie faire la grimace. J'ai eu peu de chance avec cette appellation. Il est vrai que mes expériences en la matière concernent surtout des vins d'obscurs domaines consommé au restaurant, mais ce furent des échecs assez cuisants. Et pourtant, pourtant...

Cette bouteille, comme toute starlette qui se respecte, se fera attendre. Deux à trois heures seront nécessaires avant de pouvoir en profiter, et c'est après une demi-journée que je la préfère.Le nez est plus démonstratif. Je constate d'abord un côté sanguin, qui s'atténuera au fil des heures, pour laisser le champ libre à un fruit plus rouge que le vin précédent de type cerise, à du mimosa, et à des notes intéressantes de fumée, de tabac, voire de cendres d'après-barbecue. Je capte un petit air iodé aussi. J'aime. Ceci provient soit d'un apport des deux cabernets présents en mode mineur dans cette cuvée, soit d'un élevage sous bois que je trouve au passage extrêmement discret et ce n'est pas pour me déplaire.

En bouche maintenant: un vin très structuré qui s'articule autour de tanins nombreux et nerveux qui me feraient presque oublier que le merlot est majoritaire et qu'on se trouve sur la rive droite. La pointe de Malbec y est-elle pour quelque chose? (Ne jamais oublier le Malbec! ;-))
Une très belle acidité porte l'ensemble vers un peu plus de hauteur, et l'alcool est très bien intégré, ce qui donne un vin très digeste. Un peu de végétal, de poivron m'apparaît en rétro, suffisamment modéré pour ne pas bouleverser l'harmonie de l'ensemble. La finale est de belle longueur, vaguement torréfiée mais notre cerise est toujours bien présente. C'est incontestablement un vin de garde, cinq années lui feront probablement le plus grand bien même si je suis séduit par son profil actuel.

Ma note globale: 86/100

And the winner is ... nous tous, en fait!

En conclusion: Au-delà des préférences de chacun, on a là deux styles de vins bien marqués, et fidèles à leur terroir respectif. Les vins de ce premier module nous permettent vraiment de faire la différence entre un vin tannique (le Blaye) et un vin qui l'est beaucoup moins (le Roulepierre). Il existe des Rhônes tanniques et des Bordeaux souples, c'est là toute la douce perversité de l'univers de Bacchus, mais au moins ces deux vins permettent de bien cerner le concept des tanins. Le concept de consommation à plus ou moins court terme / vin à conserver est également bien esquissé. Mais le plus important, c'est le plaisir que vous pouvez retirer de cet exercice et de la consommation de ces bouteilles proprement dites.

Rendez-vous prochainement pour le deuxième volet consacré au Chardonnay(s)!

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