mercredi 16 juillet 2014

Chardonnay Pinot noir, Sparkling Brut, Jacob's Creek, Australie

Même dans les lieux les plus improbables, je reste toujours à l'affût lorsqu'il y a des bouteilles à découvrir. Une véritable déformation épicurienne, je suppose. Ce samedi en l'occurrence, c'est à Enghien, en plein festival de Lasemo, lors d'un showcase VIP en l'honneur du groupe Marty and the Magic Minds, que j'ai voyagé vers l'Australie, le temps d'une mini-dégustation de la gamme Jacob's Creek. (Non, je n'ai peur de rien). Jacob's Creek, c'est du vin de marque. Une production gigantesque sponsorisée par Pernod Ricard. Il paraît même que les vins de cette boîte sont distribués dans une centaine de pays, avec des spécificités et des bouteilles différentes pour s'adapter aux préférences des consommateurs du monde entier. Un peu comme le fait McDo, par exemple. Et en Belgique alors, à quelle sauce sommes-nous mangés? Je vous parlerai essentiellement de bulles, puisque j'ai eu le temps de déguster en long et en large le Sparkling Chardonnay Pinot Noir. Au nez, sans grande surprise, ce sont les arômes délicats et floraux du Chardonnay qui donnent le ton. Simple, mais efficace. En bouche, la bulle n'est pas agressive, sans être non plus d'une finesse redoutable. Une décente acidité, sans doute une contribution de monsieur pinot, apporte de la fraîcheur et de la vivacité à ce vin pétillant. C'est assez bon. Ça crée l'illusion, imitation champagne, la complexité en moins. Le point faible se loge selon moi au creux de la finale, courte et un peu asséchante. Cruel retour sur terre. Mais qui s'en plaindra lors d'un cocktail mondain? L'alcool n'est pas du tout envahissant par contre, ce qui rend le tout somme toute assez digeste et facile à boire, et c'est ce qu'on attend de ce type de breuvage après tout. Si certaines bulles peuvent bénéficier de quelques degrés de plus dans le verre, celui-ci est à consommer très très froid! Ça se trouve très facilement, chez Delhaize, Colruyt, et sans doute chez Carrefour aussi, pour un peu plus de 9 euros. On peut aisément trouver mieux pour un peu moins cher en cherchant du côté des crémants de Loire, voire ceux de Bourgogne pour rester dans l'esprit Chardonnay/pinot noir. Ma note globale: 76/100 Quelques mots sur deux autres Jacob's Creek testés mais dont je n'ai pas les références exactes: - Un blanc à base de Chardonnay, passé en barrique: criard, vulgaire. Très exubérant mais le discours n'est pas à la hauteur. Lourd qui plus est à cause d'un déficit en acidité. Je ne le recommande pas. - Un rouge à base de Shiraz: Ici par contre, c'est intéressant. Des arômes élégants de violette, beaucoup de fraicheur, une finale vanillée notamment. C'est mon favori parmi le trio de l'après-midi, à revoir!

vendredi 11 juillet 2014

Le Poquelin 2011, rouge, domaine des Côtes de la Molière, Beaujolais

Il faisait chaud dans nos contrées, le mois dernier. Un temps évidemment orageux aussi, c'est toujours comme ça, le ciel nous fait payer chaque hausse de température, mettant en péril les barbecues que tout le monde s'empressait d'allumer en même temps dès qu'un week-end chaleureux se présentait. Même si les règles et les convenances ne sont pas mes tasses de thé en matière de vin, je n'ai pas particulièrement envie de vins corsés et exubérants pour accompagner la fournaise. Je n'ai pas non plus envie de rosés, même si j'en ai déniché de sacrément bons ces derniers temps (il faudra que je vous parle un jour de cette cuvée du Sud-Ouest signée Plaimont producteurs, abritée dans cette jolie bouteille en forme de carafe, si je parviens à remettre la main sur un de ces délices). Non, j'ai envie de rouge et de légèreté. Je vous présente donc tout d'abord ce vin naturellement vivant du Beaujolais, sans souffre, le Poquelin. Ce domaine produit également du Morgon, du Moulin à Vent, souvent en quantité confidentielle. Vous pouvez accéder au site internet via ce lienpour avoir un aperçu de la gamme.

J'ai appris l'existence du domaine des Côtes de la Molière via un blog. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du blog de la propriété, alimenté régulièrement par Isabelle Perraud, la compagne de Bruno, son vigneron. Des tranches de vie, des états d'âme, et des clés pour apprendre à déguster et apprécier leurs vins dans les meilleures conditions. Allez donc jeter plus qu'un œil sur ce blog passionné, passionnant, vivant!



Première surprise, la bouteille est cachetée à la cire. Une attention, une précaution que je trouve judicieuse, et qui invite déjà à la patience. Vous me direz qu'on parle de Beaujolais... oui, et alors?
Il y a plusieurs techniques pour déverrouiller le flacon. Certains choisissent de ramollir la cire sous la flamme, d'autres y vont carrément au marteau pour la casser. Sachez qu'en enfonçant un bon tire-bouchon "Sommelier" de manière traditionnelle, ça fonctionne très bien, la cire se fend ou se brise en libérant le bouchon, il suffit de veiller à ne pas en faire pénétrer des miettes dans la bouteille.

Nous avions une paisible soirée devant nous, heureusement. Parce que ce Poquelin a décidé de se la jouer en mode confidence. Il aura fallu plus d'une bonne heure avant qu'il ne se décide à causer, par bribes, en chuchotant. En effet, à l'ouverture, quasi rien. Le nez était pratiquement aux abonnés absents, et en bouche, un liquide proche de l'eau. A peine un vague perlant. Ce n'est pas mauvais, c'est simplement vide de sens, et c'est déroutant si on ne prend pas le temps de comprendre ce que cache cette bouteille. Si vos convives ont le verre vide, évitez d'ouvrir ce flacon pour parer au plus pressé, vous risquez le fiasco. Vous le risquez, je n'ai pas dit que ce serait assuré, parce qu'on a face à nous un vin naturel, sans additifs, et il se peut que six quilles de ce même vin décident de bavarder avec nous à des moments différents, dès l'ouverture ou plusieurs heures après. Mais si le vin vous contraint à l'attente, vous n'en serez pas déçu, bien au contraire. La cerise viendra vous chatouiller le nez, on trouvera du fruit rouge et des épices en bouche avec la rétro-olfaction, et surtout une jolie finale de longueur satisfaisante sur des notes poivrées et des accents de noisettes en plus de bâtons de réglisse. Un vin étonnant, extrêmement bien fait, mais qui n'est pas là pour tonitruer ou pour taper du poing sur la table. C'est très fin, très discret, il faut le boire avec beaucoup d'attention. En terme de structure, on a une acidité marquée et bienvenue, on sent très peu de tanins, et l'alcool est à peine perceptible, en fait on y pense même pas. On doit tourner aux alentours de 11,5%, c'est tout en souplesse que ce nectar traverse le gosier pour nous laisser sur une impression de légère sécheresse, comme si il fallait trouver un prétexte à la gorgée qui suit. C'est un peu facile, mais ce Côtes de la Molière est plein de poésie. On perçoit très bien la philosophie du vigneron tout au long de la dégustation, c'est assumé pleinement et c'est ce que je recherche. On peut adhérer ou non aux convictions d'un viticulteur, mais ce qui compte surtout c'est qu'il en aie et que ça se ressente, c'est mission accomplie avec ce Poquelin, gageons que les autres créations du domaine sont élaborées avec la même passion en proposant des styles différents, je n'hésiterai pas à les découvrir si l'occasion s'en présente.

Pour terminer, sachez qu'il me restait de quoi servir un bon verre le lendemain midi, et le vin n'avait absolument rien perdu par rapport à la veille, peut-être même un tout petit peu plus d'ouverture. Donc, pour ceux qui ont des craintes sur le manque de tenue dans le temps des vins sans souffre, même si on parle ici seulement d'une quinzaine d'heures, ceci devrait les rassurer!

Et pour vous procurer ce vin en Belgique, je vous suggère A Taste Affair, un caviste néerlandophone qui offre une sélection très pointue de vins dits "nature", en provenance de France, d'Italie, d'Espagne, d'Autriche ou encore de Slovénie. La livraison est gratuite (enfin c'était le cas sur ma première commande), mais cela semble se répercuter sur le prix des bouteilles à l'unité, un peu plus élevé que la moyenne. Mais vu la rareté de certains flacons, ça peut se comprendre.

Ma note globale: 81/100

Confusion de Grenache Noir 2011, rouge, Mas des Caprices, IGP Aude

Aujourd'hui, je tiens à vous parler d'un OVMI (objet vinicole mal identifié), puisqu'il tombe dans la catégorie des IGP. Il s'agit d'un pur grenache noir, récolté en sur-maturité, comme si on voulait vinifier un vin doux naturel, une des spécialités de la région du Roussillon. En effet, nous nous trouvons entre Narbonne et Perpignan, à Leucate plus précisément, chez Pierre et Mireille Mann, heureux propriétaires du Mas des Caprices. Mais point de vin doux pour cette cuvée "Confusion" élevée comme un vin rouge traditionnel, sans apport de bois. Le résultat? Un breuvage titrant 15,5%, et contenant une mini-pincée de sucres résiduels à laquelle on ne pense même pas au cours de la dégustation. Avant d'entrer dans le vif du sujet, notons que ces vignerons savent également faire dans l'AOP, puisqu'ils proposent du Corbières ainsi qu'une cuvée au nom emprunté du vocabulaire liégeois "Oufti", qui n'est autre que l'anagramme de ... ? Vous l'avez?



Le nez se livre quasi d'emblée et est assez expressif et captivant, il retient régulièrement mon attention pendant plusieurs secondes. 30 minutes d'ouverture sont largement suffisantes pour en profiter pleinement. Lorsque je verse le vin dans le verre, des notes d'amandes grillées du plus bel effet m'apparaissent au premier plan, ça donne presque faim. La cerise et la myrtille suivent de près, quelques fruits rescapés qui surnagent au milieu de parfums épicés. L'alcool est perceptible aussi, je sais que j'aurai quelque chose de corsé au programme. Un nez relativement complexe donc, on identifie aisément le grenache dans toute sa splendeur, qui se met à nu sans tourner autour du pot.



En bouche, petite surprise, l'attaque est menée tout en douceur et en suavité, avec un infime perlant, tellement ténu qu'il pourrait sortir de mon imagination. Ensuite, des tanins fins, discrets mais nombreux, ainsi qu'une certaine puissance liée à l'alcool se rappellent à mon bon souvenir. Une belle matière cohérente qui me transporte aisément jusqu'à une finale qui s'étire en prenant tout son temps. On y retrouve la cerise dans un premier temps, puis une douce amertume qui persiste de longues secondes. A signaler également qu'une certaine fraîcheur accompagne toute la dégustation, le résultat de la combinaison d'une acidité modérée et probablement de la très discrète présence de gaz carbonique. Aucune lourdeur donc! C'est un grand vin, extrêmement bien construit, et qui ressemble à une main de fer dans un gant de velours. Je vous suggère de réserver cette bouteille pour accompagner un gibier nappé d'une sauce au fruit, l'accord devrait être jouissif, mais vous pouvez tout aussi bien le déguster pour lui-même après un bon repas, ça changera un peu du digestif et ça vous mènera vers un repos bien mérité.

Certains utilisent le rapport masculin/féminin pour décrire ce vin, ce qui me parait un peu réducteur parce que nous connaissons tous des femmes pleines de poigne et des hommes un peu mou dans notre entourage. Mais il est clair par contre que ce vin révèle une véritable dualité, une complémentarité entre finesse et puissance, le ying et le yang. Preuve donc qu'il y a une part de masculinité chez la gente féminine, et vice-versa!

Selon le site officiel du Mas des Caprices, ce vin n'est produit qu'à 1500 exemplaires, et il ne voit le jour que lors de millésimes très cléments. Ce qui me laisse un petit espoir pour 2013, cette région ayant été plutôt épargnée en comparaison avec le Bordelais ou la Bourgogne... A suivre!

Mais en attendant, il doit bien rester quelques flacons estampillés 2011 par-ci par-là, tentez le coup chez BioBelVin à Spa, tant que vous m'en laissez, vous pourrez vous l'offrir pour 19,20 EUR.

J'ai aussi trouvé du 2009 chez Proef de passie, caviste néerlandophone à Ninove que je n'ai pas encore testé mais qui propose une sélection qui me semble assez pertinente et originale, grand choix en Languedoc notamment.

Ma note globale: 94/100

Santé!