jeudi 20 novembre 2014

Baron de L 2000, blanc, Château du Nozet, Ladoucette, Pouilly-Fumé

Bien que ce ne soit pas mon appellation favorite en Loire, il me tardait de rencontrer ce mythe de Pouilly-Fumé, à défaut de pouvoir m'offrir ceux de Didier Daguenau. En effet, bien que j'ai eu la grande chance de me procurer ce Ladoucette à bon prix chez un particulier que je ne remercierai jamais assez, il faut compter 50 à 60 euros pour cette cuvée prestige du Château du Nozet, contre 90euros pour du Daguenau. Est-ce justifié? En me basant sur la dégustation qui suit, non.

A l'ouverture, un nez en mode massepain, sur l'amande. C'est magnifique, j'ai l'impression de humer les pâtisseries que nous avons préparé le week-end dernier. Malheureusement, ce parfum disparaîtra très rapidement, je ne sais pas pourquoi. Le nez se révélera malgré tout d'une belle complexité, pointe d'agrumes (pamplemousse), une dimension florale, pas de cassis ou de pipi de chat à l'horizon. En bouche, toujours lors des premiers verres, une jolie trame acide mène le bal tout du long, je retrouve de légères notes herbacées mais raffinées du sauvignon en rétro-olfaction, c'est donc encore très vif après 14 ans de bouteille. La finale est d'une très bonne longueur et rappelle les champignons des bois. La minéralité? La pierre à fusil? Si il y en avait, je suis passé à côté. C'est bon et bien fait, mais ça ne me transcende pas outre mesure et ne me fait pas voyager en esprit jusqu'à Pouilly-sur-Loire. Ça me rappelle par certains côtés un excellent Quincy (12-13 euros) que j'ai dégusté il y a quelques mois que je n'ai pas pu vous présenter parce que je n'en ai pas pris de notes, j'irai en rechercher. ;-)

Une bonne surprise m'attendra le lendemain, toutefois. Si le nez a peu bougé, la bouche s'est transformée. L'acidité est moins dominante, je constate davantage d'onctuosité et de gourmandise, même la finale est plus douce. En fait, je retrouve davantage ce que j'attends d'un Pouilly-Fumé après cette journée d'ouverture. J'aime les deux versions, la vive et la gourmande. J'ai donc presque l'impression d'avoir eu deux vins en une bouteille. Mais le tout vaut 20 euros, pas 50, ceci n'engageant que moi. Le millésime 2000 en Loire fut assez qualitatif, c'est donc une bouteille de très longue garde. Mais j'aimerais toutefois retenter l'expérience sur un millésime plus jeune pour me faire un avis plus tranché sur ce Baron de L.

Je n'ai pas de boutique testée et approuvée à vous suggérer mais ce vin n'est pas introuvable en Belgique. En attendant, je vous propose une visite du site officiel de Ladoucette.

Ma note globale: 83/100

jeudi 13 novembre 2014

Hugo 2004, rouge, domaine Calvet-Thunevin, Côtes-du-Roussillon Villages

Un monstre de vin!

Cet "Hugo" fait partie des vins français les plus corsés qu'il m'ait été donné de déguster. Et je ne parle pas uniquement des 15% d'alcool (pour un 2004!), mais aussi de la foule de tanins et de l'impression de puissance qui émane de l'ensemble.
Ce nectar provient des alentours de Maury, où l'on ne produit pas que des vins mutés, la preuve avec ce Côtes-du-Roussillon Villages. Au commande, on retrouve l'équipe Thunevin qu'on connaît bien à Bordeaux avec le château Valandraud et un négoce très actif. Ils sévissent également dans le Roussillon depuis qu'ils se sont associé en 2001 à un viticulteur du cru, Jean-Roger Calvet.
La gamme se compose d'une cuvée nommée Constance, très largement distribuée et au très bon rapport qualité/prix parait-il, et de deux ou trois autres cuvées plus confidentielles, et par conséquent plus chères, dont celle que j'évoque pour vous ici-même. Composée à 70% de grenache, la Syrah et, si je ne m'abuse, le Carignan se partagent le reste du gâteau.

A l'ouverture, le nez exubérant et changeant est d'une complexité épatante. On part sur un tapis de fruits noirs bien mûrs, puis arrivent des notes à caractère oxydatif telle la noix. Une réglisse impressionante est perçue en rétro-olfaction. Des arômes de chocolat noir font également partie du bal, c'est pas Maury pour rien ici, c'est sans doute aussi un des signes de l'élevage en demi-muid extrêmement bien maitrisé. J'ai également perçu un soupçon de rose au fil du temps, et un caractère cerise mûre plus affirmé au fur et à mesure que le nez s'est stabilisé.

En bouche, c'est colossal. Un peu trop, d'ailleurs. Il y a des vins qui méritent d'être carafés, pour celui-ci c'est presque obligatoire. L'attaque est assez suave d'entrée, avant de se laisser embarquer par des tanins plutôt musclés, en tout cas très nombreux. Le vin gagne petit à petit en profondeur au fur et à mesure de la gorgée, et débouche sur une longue finale aromatiquement très agréable et à l'amertume prononcée, mais dominée par l'alcool qui chauffe la gorge. Le vin d'hiver par excellence. ;-) Evitez les sauces pimentées pour l'accompagner sous peine de sensations décuplées, préférez une sauce chocolatée sur une biche bien tendre, par exemple. Une bouteille qu'on ne peut glouglouter comme un gentil vin de copain, mais qu'il faut apprécier gorgée par gorgée, qui m'ont arraché quelques "wow" d'ailleurs, mais c'est tellement imposant que j'ai moi-même eu du mal à terminer mes premiers verres.
En guise de comparaison, j'ai pensé à ces personnes hyper-intéressantes qui ont un tas de choses à raconter et à vous apprendre, mais qui monopolisent le crachoir et finissent par vous saturer. Ceci dit, après une bonne douzaine d'heures d'ouverture, le tourbillon s'est calmé, l'alcool a trouvé sa place et j'ai pu apprécier un équilibre bien plus agréable sur la demi-bouteille restante. C'est pourquoi le carafage si vous êtes pressés ou l'ouverture lente si vous avez le temps, c'est essentiel. Dix ans de bouteille, il lui faut au moins ça pour s'exprimer dans toute sa complexité. C'est un pur vin de garde, d'ailleurs il tiendra probablement tout aussi bien jusque dans les années 20!

Je n'ai malheureusement pas d'adresse à vous suggérer en Belgique pour commander ce flacon, c'est l'occasion d'aller faire un tour dans le Roussillon, ou de visiter le site web du domaine, ou encore de vous rendre au Grand Tasting, salon organisé par Bettane et Dessauve à Paris fin novembre.
Ma note globale: 89/100