mercredi 31 décembre 2014

Viognier 2012, domaine La Croix Sainte Eulalie, IGP Pays d'Oc blanc

Je vous avais déjà détaillé il y a bien longtemps un des rouges de ce domaine, la cuvée Baptiste, il est temps maintenant de vous parler d'un des blancs, mon chouchou de la gamme sur 2012, le Viognier. C'est un vin que j'ai pu déguster à plusieurs reprises dans des contextes très variés: seul, en famille, sur un marché de noël... donc en été ou en hiver, à différentes températures et dans divers contenants. Aucune bouteille ne m'a déçu. Mieux, ce vin m'a toujours fait ressentir quelque chose. Sa bouche expressive et sa finale persistante me donnent l'image d'une compagnie rassurante, solide. A dix euros, comme dirait feu Patrick Roy, c'est le juste prix!

Le vin se présente en pleine forme à l'ouverture de la bouteille, le nez agréable exprime d'emblée des arômes floraux (lilas) et des notes fruitées rappelant la pêche, assez typique du cépage. En bouche, je constate une onctuosité conséquente, mais qui est aussitôt contrebalancée par une acidité vive, presque tranchante. La rétro-olfaction délivre des parfums similaires à ceux du nez, de manière assez extravertie aussi. La finale est aguicheuse, d'une belle longueur, l'alcool réchauffe légèrement le gosier et aucune amertume à signaler. Lors de ce finish on sent l'acidité s'atténuer au profit de la gourmandise. Voici donc un vin très équilibré, facile à comprendre. J'aime le boire pour lui-même ou en guise d'apéro. Mais nul doute qu'un rouget ou une sole pourrait s'entendre avec lui.

Si la bouche a peu bougé sur 24 heures, hormis pour proposer une finale un peu plus complexe et vaguement briochée, le nez a davantage basculé vers le côté floral, voire sur des notes de cire avec une touche sanguine. Ceci laisse présager d'un potentiel de garde de quelques années, bien qu'il est plus qu'intéressant d'en profiter dès maintenant pour son fruit.

Ma note globale: 87/100

jeudi 20 novembre 2014

Baron de L 2000, blanc, Château du Nozet, Ladoucette, Pouilly-Fumé

Bien que ce ne soit pas mon appellation favorite en Loire, il me tardait de rencontrer ce mythe de Pouilly-Fumé, à défaut de pouvoir m'offrir ceux de Didier Daguenau. En effet, bien que j'ai eu la grande chance de me procurer ce Ladoucette à bon prix chez un particulier que je ne remercierai jamais assez, il faut compter 50 à 60 euros pour cette cuvée prestige du Château du Nozet, contre 90euros pour du Daguenau. Est-ce justifié? En me basant sur la dégustation qui suit, non.

A l'ouverture, un nez en mode massepain, sur l'amande. C'est magnifique, j'ai l'impression de humer les pâtisseries que nous avons préparé le week-end dernier. Malheureusement, ce parfum disparaîtra très rapidement, je ne sais pas pourquoi. Le nez se révélera malgré tout d'une belle complexité, pointe d'agrumes (pamplemousse), une dimension florale, pas de cassis ou de pipi de chat à l'horizon. En bouche, toujours lors des premiers verres, une jolie trame acide mène le bal tout du long, je retrouve de légères notes herbacées mais raffinées du sauvignon en rétro-olfaction, c'est donc encore très vif après 14 ans de bouteille. La finale est d'une très bonne longueur et rappelle les champignons des bois. La minéralité? La pierre à fusil? Si il y en avait, je suis passé à côté. C'est bon et bien fait, mais ça ne me transcende pas outre mesure et ne me fait pas voyager en esprit jusqu'à Pouilly-sur-Loire. Ça me rappelle par certains côtés un excellent Quincy (12-13 euros) que j'ai dégusté il y a quelques mois que je n'ai pas pu vous présenter parce que je n'en ai pas pris de notes, j'irai en rechercher. ;-)

Une bonne surprise m'attendra le lendemain, toutefois. Si le nez a peu bougé, la bouche s'est transformée. L'acidité est moins dominante, je constate davantage d'onctuosité et de gourmandise, même la finale est plus douce. En fait, je retrouve davantage ce que j'attends d'un Pouilly-Fumé après cette journée d'ouverture. J'aime les deux versions, la vive et la gourmande. J'ai donc presque l'impression d'avoir eu deux vins en une bouteille. Mais le tout vaut 20 euros, pas 50, ceci n'engageant que moi. Le millésime 2000 en Loire fut assez qualitatif, c'est donc une bouteille de très longue garde. Mais j'aimerais toutefois retenter l'expérience sur un millésime plus jeune pour me faire un avis plus tranché sur ce Baron de L.

Je n'ai pas de boutique testée et approuvée à vous suggérer mais ce vin n'est pas introuvable en Belgique. En attendant, je vous propose une visite du site officiel de Ladoucette.

Ma note globale: 83/100

jeudi 13 novembre 2014

Hugo 2004, rouge, domaine Calvet-Thunevin, Côtes-du-Roussillon Villages

Un monstre de vin!

Cet "Hugo" fait partie des vins français les plus corsés qu'il m'ait été donné de déguster. Et je ne parle pas uniquement des 15% d'alcool (pour un 2004!), mais aussi de la foule de tanins et de l'impression de puissance qui émane de l'ensemble.
Ce nectar provient des alentours de Maury, où l'on ne produit pas que des vins mutés, la preuve avec ce Côtes-du-Roussillon Villages. Au commande, on retrouve l'équipe Thunevin qu'on connaît bien à Bordeaux avec le château Valandraud et un négoce très actif. Ils sévissent également dans le Roussillon depuis qu'ils se sont associé en 2001 à un viticulteur du cru, Jean-Roger Calvet.
La gamme se compose d'une cuvée nommée Constance, très largement distribuée et au très bon rapport qualité/prix parait-il, et de deux ou trois autres cuvées plus confidentielles, et par conséquent plus chères, dont celle que j'évoque pour vous ici-même. Composée à 70% de grenache, la Syrah et, si je ne m'abuse, le Carignan se partagent le reste du gâteau.

A l'ouverture, le nez exubérant et changeant est d'une complexité épatante. On part sur un tapis de fruits noirs bien mûrs, puis arrivent des notes à caractère oxydatif telle la noix. Une réglisse impressionante est perçue en rétro-olfaction. Des arômes de chocolat noir font également partie du bal, c'est pas Maury pour rien ici, c'est sans doute aussi un des signes de l'élevage en demi-muid extrêmement bien maitrisé. J'ai également perçu un soupçon de rose au fil du temps, et un caractère cerise mûre plus affirmé au fur et à mesure que le nez s'est stabilisé.

En bouche, c'est colossal. Un peu trop, d'ailleurs. Il y a des vins qui méritent d'être carafés, pour celui-ci c'est presque obligatoire. L'attaque est assez suave d'entrée, avant de se laisser embarquer par des tanins plutôt musclés, en tout cas très nombreux. Le vin gagne petit à petit en profondeur au fur et à mesure de la gorgée, et débouche sur une longue finale aromatiquement très agréable et à l'amertume prononcée, mais dominée par l'alcool qui chauffe la gorge. Le vin d'hiver par excellence. ;-) Evitez les sauces pimentées pour l'accompagner sous peine de sensations décuplées, préférez une sauce chocolatée sur une biche bien tendre, par exemple. Une bouteille qu'on ne peut glouglouter comme un gentil vin de copain, mais qu'il faut apprécier gorgée par gorgée, qui m'ont arraché quelques "wow" d'ailleurs, mais c'est tellement imposant que j'ai moi-même eu du mal à terminer mes premiers verres.
En guise de comparaison, j'ai pensé à ces personnes hyper-intéressantes qui ont un tas de choses à raconter et à vous apprendre, mais qui monopolisent le crachoir et finissent par vous saturer. Ceci dit, après une bonne douzaine d'heures d'ouverture, le tourbillon s'est calmé, l'alcool a trouvé sa place et j'ai pu apprécier un équilibre bien plus agréable sur la demi-bouteille restante. C'est pourquoi le carafage si vous êtes pressés ou l'ouverture lente si vous avez le temps, c'est essentiel. Dix ans de bouteille, il lui faut au moins ça pour s'exprimer dans toute sa complexité. C'est un pur vin de garde, d'ailleurs il tiendra probablement tout aussi bien jusque dans les années 20!

Je n'ai malheureusement pas d'adresse à vous suggérer en Belgique pour commander ce flacon, c'est l'occasion d'aller faire un tour dans le Roussillon, ou de visiter le site web du domaine, ou encore de vous rendre au Grand Tasting, salon organisé par Bettane et Dessauve à Paris fin novembre.
Ma note globale: 89/100

lundi 22 septembre 2014

Mazérac 2008, Domaine de la Bouysse, rouge, Corbières-Boutenac

C'est encore une sacrée perle que j'ai l'honneur de vous proposer cette fois. Pour présenter le domaine de la Bouysse, je laisse la parole aux propriétaires par l'intermédiaire de cette vidéoet via leur site officiel, ils font ça bien mieux que moi et en toute transparence.
En ce qui concerne le nom de cette cuvée, Mazérac, je me permet de les citer: "Pour la petite histoire, Mazérac est un nom de famille à priori originaire de la Dordogne, c'est également le nom de 5 localités situés dans le Tarn, le Tarn et Garonne, la Gironde et l'Aveyron. Pourtant le Mazérac de La Bouysse est le fruit d'une invention, il est né de la contraction du nom de famille "MAZERE", ancêtres de Martine et Christophe, le "AC" étant un rappel à "Boutenac"."

Avant d'entrer dans le vif du sujet, quelques détails sur la composition de ce vin: 80% Carignan, 20% Grenache, en provenance de vignes âgées de plus de 80 ans aux rendements assez modeste. Un élevage de 12 mois en barrique parachève l'œuvre.

Si je devais résumer ce vin en un mot, ce serait: charmeur. Ce nectar veut devenir mon ami et il me le fait savoir, à travers une fraîcheur étonnante en bouche pour un vin de cette région. "Ne m'avale pas tout de suite, prolonge le contact", me prie-t-il. Et en effet, lorsqu'on fait voyager un vin autour du palais pendant une dizaine de secondes, il fini souvent par perdre un peu de son éclat, il s'aplatit, l'alcool se ressent davantage. Or ici, que nenni, je peux conserver ce vin en bouche très longtemps tout en appréciant une belle tension, de la vivacité et de très jolis arômes de fruits bien mûrs. C'est intense et poignant. La finale n'est pas en reste non plus. Elle est très, très longue, et fait saliver de manière onctueuse et gourmande sur un mélange de notes vanillées et chocolatées, arômes d'élevage que j'avais identifié auparavant au premier nez. Beaucoup de richesse tout en étant très digeste, déjà rien que ça c'est remarquable. Manière aussi de vous dire que si ce vin est clairement d'une grande finesse, il n'est pas non plus dénué de puissance.

Parlons du nez, assez typique d'un grand Corbières complexe, il propose ce que le Languedoc a de mieux à offrir en compagnie d'un élevage parfaitement maîtrisé. Derrière la vanille apparaît une compotée de fruits noirs sur une tranche de pain d'épices, des éléments floraux que je suis toujours malheureusement incapable de nommer, je capte également par moment quelques notes minérales type pierres chaudes, c'est très fugace, une tendance qui pourrait peut-être s'accentuer avec quelques années de garde en cave. Aucun problème de potentiel de ce côté-là non plus! Il est sur son 31 quasi dès l'ouverture, et reste sans un pli plusieurs heures durant. Un vin ultra-complet, je ne vois pas trop ce qu'on pourrait lui demander de plus. Je vais d'ailleurs contacter le domaine pour les remercier de ce grand moment, j'avais de bonnes vibrations concernant cette cuvée, mais vraiment pas à ce point. Je n'ai pas peur de dire qu'on touche ici aux très grands vins!

Si Boutenac est plus restreint, L'appellation Corbières est vaste, on y trouve absolument de tout en terme de qualité, j'aurai l'occasion de vous parler d'autres jolies cuvées de par là-bas. Mais si vous avez déjà croisé comme moi des Corbières imbuvables à bas prix proposés par certains restaurants peu consciencieux et que vous en gardez une mauvaise image, vous devez impérativement goûter ceci!

Oh, j'allais oublier... 11,90 euros la quille... chez WorldwideWines... Un scandale! :-)

Pour terminer, la chose n'a pas échappé à la sagacité de Michel Smith, défenseur acharné de ce bon vieux Carignan. C'est à lire ici.

Ma note globale: 96/100

Tannat Viejo 2007, H. Stagnari, rouge, Uruguay

Une petite vidéopour se mettre dans l'ambiance?

Mettons le cap vers un pays de l'hémisphère Sud pour un mini-trip en Uruguay. La bodega Stagnari se situe dans la région de Salto, pas très loin de la frontière avec l'Argentine, si je ne m'abuse. Après des études d'œnologie en France, Hector Stagnari revient au pays en emportant dans ses bagages des clones de tannat en provenance de Madiran. Ce cépage est assez populaire dans ces pays d'Amérique du Sud, en Uruguay évidemment mais aussi au Brésil, par exemple. Il commence même à faire une percée en Argentine sans toutefois encore concurrencer le Malbec. Le domaine produit un très grand nombre de cuvées, des rouges, des blancs, ainsi que des bulles qu'ils qualifient de champagne sur leur site internet, mais heureusement pour eux, pas sur leurs étiquettes. ;-) Déjà très respecté sur le plan mondial, la maison est assez fière de cette reconnaissance et le fait savoir sur ses bouteilles, comme vous pouvez le constater.


Le nez est moyennement expressif, sur des notes intrigantes de chocolat, chocolat au lait je dirais même, de figues et de plantes que je ne saurais nommer. Peu de fruit, même à l'agitation, par contre il apparaîtra nettement sous forme de fraises en bouche en rétro-olfaction, de manière assez éclatante après quelques heures d'aération.
La bouche, parlons-en, propose une attaque assez douce, l'acidité est perceptible mais modeste. Le milieu de bouche révèle une étonnante profondeur, comme si le nectar choisissait de se décomplexer totalement après avoir fait montre d'une certaine réserve dans un premier temps, genre "j'me lance, allez, tant pis!" Du coup, ça envoie pas mal de matière, les tannins sont bien présents mais vraiment très enrobés, presque caressants. La finale est d'une très belle longueur, à nouveau sur cette amertume chocolatée. Un rouge qui affrontera sans trembler une bonne pièce de viande goûtue même si elle est bien relevée (vous me voyez venir avec mon bœuf argentin, ou brésilien, au poivre noir?) L'équilibre est tel qu'on en oublierait presque les 14,quelques% d'alcool.



Un vin étonnant, et original, très bien fait. Typicité et complexité, ce sont de sacrés bons points en sa faveur. Costaud sans être brut, puissant sans être rugueux. En pleine forme après 7 ans. Le prix de 14 euros pour une bouteille si exotique me semble plus que raisonnable! J'ai goûté trop peu de madirans pour tenter une comparaison avec un 100% tannat français, et il s'agit de mon premier vin uruguayen. Je peux juste vous dire que c'est bon en tant que tel, et à tester si vous êtes curieux, ça vaut franchement la peine!

Si il en reste, vous en trouverez chez Worldwidewines, où Manu de Rijcke propose un tour du monde vinicole en bouteilles très pertinent.

Et tant que j'y suis, je vous propose un lien vers le site de la bodega.

Ma note globale: 87/100

mercredi 10 septembre 2014

Savigny-Les-Beaune 2010, rouge, domaine Jacob-Mauclair, Bourgogne

Offrons-nous encore un petit intermède en Bourgogne, si vous le voulez bien. C'est lors du salon à Remouchamps que j'ai flashé pour celui-ci. Non, tout n'est pas forcément hors de prix dans cette charmante région. Nous sommes ici davantage dans la catégorie des vins, si pas de tous les jours, disons de la semaine. Nous tournons autour de 10 euros la bouteille, great value for the money! On remarquera l'aval sous forme de médaille des Chevaliers du Tastevin, si c'est pas beau, ça!



Un nez assez réservé, pas très bavard même après agitation, plus vineux que le Nuits-saint-Georges précédemment évoqué, moins complexe et moins élégant mais il y a tout de même du fruit rouge qui émerge, la cerise surtout, rejointe par de la myrtille après une bonne heure d'aération.

En bouche, une acidité assez marquée qui porte joliment un jus très épuré, une impression de légèreté et de souplesse tout autour du palais, les tannins sont relativement peu nombreux et bien disciplinés, l'alcool est ressenti un peu plus lors d'une finale tonique d'une longueur assez surprenante, sur une cerise bien juteuse. Ça pinote à donf et c'est tout en crescendo!

Un vin généreux avec beaucoup de caractère, qui ne cherche pas à jouer au plus fin mais qui me donne beaucoup de plaisir et qui se boit goulument. Il n'est pas reconnaissable entre milles à mon avis, mais se débrouille bien pour représenter très correctement ce qu'on peut attendre de l'appellation Savigny-lès-Beaune.

Il ne semble pas y avoir de site officiel pour ce domaine assez discret sur internet, je vous renvoie donc à leurs coordonnées. Mais vous les retrouverez probablement au salon des vins de Remouchamps au printemps 2015. ;-)

Ma note globale: 85/100

samedi 6 septembre 2014

Nuits-Saint-Georges Premier Cru 2006, rouge, Domaine Michel Gros, Bourgogne

J'aime voyager le temps d'une bouteille à travers des zones viticoles méconnues, toujours en recherche de nouvelles sensations. Mais j'ai bien évidemment des ports d'attache, des fils rouges en quelque sorte, et la Bourgogne en fait partie. D'autant plus que c'est dans cette région (Beaune, Rully, Meursault...) que j'ai effectué mon premier réel voyage oenotouristique cette année, quatre jours de mai en immersion totale dans le monde du vin. Enfin totale, pas tout à fait, j'ai échappé au pigeage à la bourguignonne. ;-) Visite de plusieurs domaines, d'une tonnellerie, d'un magasin d'article viticole, accords mets/vins avec la gastronomie locale... Une organisation aux petits oignons orchestrée par notre prof oenologue Pierre Christman. Bref, un rêve éveillé!

La première visite s'est déroulée dans les installations du domaine Michel Gros, à Vosne-Romanée. La famille Gros, présente depuis plusieurs générations dans la région, a vu ses propriétés s'étendrent, jusqu'à se décliner sur quatre domaines autonomes aujourd'hui, ce qui peut prêter à confusion. Le plus connu étant certainement le domaine Anne Gros, il y a également les domaines Gros frères et soeurs à Pomard et le domaine Anne-Françoise Gros. La galère pour s'y retrouver, surtout que la Bourgogne étant de taille modeste, on identifie des vins en diverses appellations pour chaque domaine. A se demander comment les vendangeurs se débrouillent pour ne pas récolter les raisins du voisin. ;-)

La visite fut aussi instructive que goûtue! Des vins d'une qualité remarquable, d'une grande finesse, sans exception. Des nez vraiment très réussi, j'ai souvent comparé ce vigneron à un parfumeur en dégustant les échantillons qui nous ont été présentés au caveau. La particularité du domaine, c'est un monopole en Vosne-Romanée Premier Cru, le Clos des Réas. Mais c'est sur du très lourd que j'ai craqué en terme d'achat, ce Nuits-Saint-Georges m'est apparu d'une profondeur extrême et d'une grande puissance. Il s'agit d'un premier cru dont la parcelle n'est pas indiquée sur la bouteille, tout simplement parce qu'il y en a deux: Les Vignerondes et Les Murgers. Le tout sur 0.27 hectares, ce qui doit donner bien peu de bouteilles par an.



Au nez, c'est tout d'abord un peu citronné, un peu poivré aussi, avant de laisser apparaître un cocktail de fruits dominé par la myrtille et la framboise. Un nez captivant comme tout bourgogne qui se respecte, complexe et harmonieux, un ensemble si bien fondu qu'il n'est pas aisé d'identifier chaque composant séparément. Le bois est encore perceptible, mais de manière subtile pour apporter un peu d'épices à ce bouquet parfumé. Expressif et avenant quasi dès l'ouverture de la bouteille, j'aime!
Mais c'est surtout pour la bouche et sa structure stratosphérique que j'avais craqué lors de la dégustation in situ, et je suis un peu frustré au premier verre de ce côté-là. La matière y est, aucun doute là-dessus, une belle acidité bien dosée tout du long, et des tannins en nombre records, le vin se mâche presque. Jamais expérimenté ça sur un pinot noir. L'alcool est présent aussi sans en faire trop. Bref tout le monde est là mais de petits groupes se forment et ils papotent chacun dans leur coin plutôt que de tenir un discours uni. Une matière énorme donc, sans être envahissante pour autant, ça reste très savoureux. La finale est d'une longueur impressionante, toujours à dominante de fruits noirs. Le genre de vin qu'on boit lentement et avec attention, qu'on admire, qu'on respecte, qu'on vénère presque. Je suis juste un peu triste de ne pas avoir à nouveau ressenti cette magie, cette symbiose parfaite qui m'avais fait décoller du sol là-bas. L'enthousiasme d'être sur place? Je ne pense pas. Un voyage qui aurait un peu perturbé ce fragile équilibre? Peut-être. L'acidité me semblait un peu plus importante lors de ma première rencontre avec ce vin, c'est peut-être elle qui dynamisait et coordonnait l'ensemble. Je ne sais pas. Mais quoi qu'il en soit, ça reste une bouteille exceptionelle. Elle n'a pas bougé d'un poil sur deux jours ce qui m'a laissé tout le temps de l'ausculter en long et en large.

Le meilleur moyen de vous procurer cette potion magique, c'est d'aller sur place. Vous y serez assurément bien reçu. Vous trouverez les coordonnées sur le site internet de la propriété en cliquant ici

La gamme est très vaste, on y trouve des vins à prix plus doux mais pour celui-ci il vous faudra débourser environ 46 euros, ce qui est relativement raisonnable pour du premier cru en Nuits-Saint-Georges!

Ma note globale: 92/100

vendredi 29 août 2014

Taille Aux Renards 2007, rouge, Domaine du Chenoy, VDP des Jardins de Wallonie

Au premier nez, c'est très fumé. J'ai un peu l'impression d'être dans les bois. On vient d'y faire un feu de camp et il est éteint, il reste des odeurs de brindilles, de braises froides. Un peu de champignon aussi. Du cuir, un côté animal, gibier. Bon, dans les bois on trouve également des baies rouges à cueillir en général, mais elles sont absentes au programme. Disons que c'est l'hiver. Un nez un peu sombre, mais qui me fait vraiment penser à la grisaille belge. Je suis certainement influencé par le contexte et l'origine de ce vin, c'est évident. Mais il n'empêche que c'est criant de vérité. Il n'y a pas de maquillage ici.

En bouche, il y a une acidité très forte, à tel point qu'elle pourrait rebuter. A peine 2 grammes de sucre résiduel, à tout casser. Mais étonnamment, il y a du gras aussi. Les tannins sont d'une discrétion absolue, j'en déniche vraiment peu. Ce n'est pas costaud non plus niveau alcool, 11% peut-être. Le poivron vert m'apparait assez nettement en bouche, de quoi rajouter une dimension végétale à l'ensemble. Ça se boit sans danger. C'est un peu fuyant en fin de bouche, et la finale est relativement courte. Attendons un peu voir si du fruit daignerait apparaître... J'en doute cependant, ce vin a l'air déjà très mature après 7 ans et donc totalement prêt à boire.

J'ai eu la chance de rencontrer Mr. Philippe Grafé l'an dernier, lors d'une visite du domaine du Chenoy à Émines (province de Namur). Un homme passionné, volubile, toujours prêt à donner des explications sur son travail, qui a des idées et des convictions bien à lui, que ça plaise ou non. Il consacre aujourd'hui une grande partie de son temps... et de son argent à la conduite de son domaine d'une dizaine d'hectares qui est une sorte de laboratoire des cépages hybrides. Il s'agit de cépages créé via des croisements d'autres espèces pour donner un matériel résistant aux conditions rudes que nous connaissons dans les pays du nord de l'Europe. Le vin dont je vous parle est un assemblage fifty/fifty de Pinotin et de Cabertin. (Hum, à quand le cabotin?) Les millésimes après 2007 sont, je crois, davantage orientés Pinotin. Après la visite des vignes (quasi nues en mai 2013...), la visite du chai, j'ai trouvé la dégustation passionnante même si le groupe de personnes que nous suivions n'avait pas l'air convaincu par ce qui se trouvait dans leur verre. Pourtant, blancs, rouges, bulles, accord vin de liqueur/chocolat, les vins avaient tous quelque chose à raconter. La bouteille testée en famille le soir même n'a pas non plus suscité l'émerveillement (nous ne sommes pas assez chauvins, je vous dit). Ca manque peut-être de matière, de puissance, d'intensité, de soleil, que sais-je encore, mais ça a le mérite d'exister et moi j'aime. Nous ne ferons pas des copies d'Amarone ou des imitations de Saint-émilion en Wallonie, nous ferons du vin belge, tout simplement. Ce vin peut procurer beaucoup de plaisir, surtout au niveau aromatique, il faut juste prendre le temps d'aller le chercher et accepter de sortir de sa zone de confort et de ses habitudes.

Quatre heures plus tard, les divers arômes se sont un peu fondus l'un dans l'autre, pour laisser apparaître une légère pointe de cassis à l'aération. L'acidité est un tout petit peu moins prononcée, mais ça reste déséquilibré en sa faveur. Le vin se comporte toujours aussi bien le lendemain, je le trouve même plus aimable, le côté poivron voire piment doux faisant inévitablement penser au cabernet ressort joliment, jusqu'à rallonger quelque peu la finale. En résumé, mon conseil pour en tirer le maximum: ouvrez-le un soir, profitez de son nez directement, et buvez-le le lendemain avec votre repas de midi. Mes p'tits loups, le renard reprend du poil de la bête pour se tailler sa part du gâteau, oubliez les pommes "belettes"!

La meilleure façon de vous procurer une quille à 7,90 EUR est de vous déplacer jusqu'au domaine dont voici le site internet, on y trouve une mine d'informations et des détails sur les autres cuvées du Chenoy.
Sinon, vous pouvez aller faire un tour sur la boutique d'Oeno-Belgium, où vous trouverez les millésimes plus récents et pleins d'autres trésors du pays.

Dans un tout autre registre, je vous suggère le Pinot noir barrique d'Aldeneyck, bien plus cher mais très gourmand, magnifique en 2009!

Ma note globale: 78/100

jeudi 28 août 2014

Lalama 2009, rouge, Dominio do Bibei, Ribeira Sacra, Espagne

Je suis impatient de partager cette fantastique découverte avec vous. Il s'agit de ma première rencontre avec le cépage Mencía, et je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière! Bienvenue dans le nord-ouest de l'Espagne, et si c'est le cépage dominant des rouges de l'appellation Bierzo, c'est un peu plus loin en Galice que nous allons flâner aujourd'hui, au cœur de l'appellation Ribeira Sacra, créée en 1997. La croix en relief sur le muselet est un indice qui ne trompe pas, nous voilà bien en terre sainte. ;-)

Le Dominio do Bibei a démarré l'aventure en 2001 et compte aujourd'hui une quarantaine d'hectares de vignes, la plupart plantées en altitude, travaillées dans le respect de la nature, vendanges à la main, fermentation grâce aux levures indigènes. Le vin qui nous occupe a subi un élevage de 20 mois d'une part dans de grands foudres de 500 litres et d'autre part dans des fûts français de 300 litres. Les bouteilles sont ensuite conservées 18 mois avant d'être commercialisées. Il contient 90% de Mencía, 7% de Garnacha et 3% de Mouraton et Brancellao, obscurs cépages locaux.

Ça commence très fort d'entrée. Le nez est totalement captivant! Groseille, rhubarbe, framboise, sureau, à peine vaguement boisé, une parfaite maîtrise de l'élevage. Un bouquet aromatique très expressif, somptueux et capable d'arrêter le temps. On en oublierai presque de boire le nectar.

Presque parce que ça vaut le détour aussi en bouche. Belle trame acide tout du long, des tannins très doux qu'on perçoit avec un peu plus d'acuité en finale. Un vin vif et énergique, mais sans agressivité. J'ajouterai un côté végétal à la palette d'arômes de fruits, un des rares indices qui me détourne du pinot noir et qui se rapproche plutôt du cabernet franc. Parce que pour un novice tel que moi, c'est le piège parfait. J'ai l'impression d'être à Nuit-Saint-Georges et à Bourgueil en même temps. Même l'alcool est peu perceptible, on est loin des chaleureux vins de la Rioja par exemple. On est sur 12,5%, 13 tout au plus. C'est donc très aisé à boire. La finale est cependant un peu courte, toujours assez baies rouges, sans amertume particulière. C'est la seule petite ombre au tableau... un nuage blanc, disons. C'est simplement que j'aimerais qu'une telle merveille soit au top à tous niveaux. Mais il faut mentionner que j'ai apporté ce vin à un repas et que je n'ai pas pu le tester dans les conditions habituelles, peut-être que le discours de cette bombe galicienne se serait complexifié encore davantage avec quelques heures d'aération. Très agréable aujourd'hui, sa structure ne devrait pas craindre quelques années de garde non plus. Je ne peux que vous le recommander, surtout si vous aimez piéger vos amis qui envisagerons à coup sûr la piste bourguignonne ou ligérienne avant de penser à l'Espagne.

Il me reste deux autres vins de ce domaine à découvrir, un rouge 100% Mencía, ainsi qu'un blanc 100% Godello. Je pense que vous n'aurez pas à attendre trop longtemps avant que je ne m'y colle!

Vous pouvez vous procurer ce vin notamment chez Grand Cru Wijnen, une boutique basée aux Pays-Bas mais qui offre des frais de ports plus que raisonnables pour les Belges (certaines boutiques en ligne chez nous facturent le double pour le transport!). Vaste choix, service rapide, ue du bonheur.

Ma note globale: 94/100

lundi 25 août 2014

Château de Cruzeau 2005, rouge, Vignobles André Lurton, Pessac-Léognan

Ce qui est chouette quand vous ajoutez un an de plus au compteur, et que vos proches sont au courant que le vin est une religion pour vous, c'est que vous recevez probablement quelques nouveaux flacons à découvrir, et pas forcément ceux que vous auriez eu l'idée d'essayer vous-même. Une belle occasion d'élargir ses horizons ou de tordre le coup à ses préjugés... ou pas!

Cette bouteille m'a été offerte l'an dernier. Je vous emmène cette fois au cœur des vignobles André Lurton, au château de Cruzeau au sud de Pessac-Léognan. André Lurton, c'est du lourd en terme d'organisation. Une production de l'ordre de 4 millions de cols chaque année, deux cents personnes employées, une dizaine de domaines qui s'étendent sur 600 hectares, principalement en Entre-Deux-Mers (château Bonnet par exemple) et dans les Graves, en appellation Pessac-Léognan (citons le renommé Château La Louvière). Appellation encore assez récente puisqu'elle date de 1987, qui propose d'excellents vins blancs en sus des rouges, et c'est précisément André Lurton qui a joué un rôle important dans sa reconnaissance en tant qu'AOC. Un groupe viticole puissant donc, mais avec une grande expérience et fondé par un vigneron qui est toujours président de sa société, à 90 ans!



En terme d'assemblage, c'est assez régulier chaque année avec du cabernet sauvignon majoritaire à 55%, 43% de merlot et quelques larmes de cabernet franc.

A l'ouverture, le vin est un peu austère. Le nez est très classique Bordeaux, dominé par des arômes secondaires, un boisé très bien intégré, peu de fruits. En bouche, et via la rétro-olfaction, je découvre des notes de cire, de bougie. L'attaque est douce, l'acidité est très modérée, les tanins sont discrets, on ressent peu l'alcool. Un bel équilibre donc en terme de structure, mais l'ensemble est timide. La finale est déjà longue, sur des notes lactées. Un vin très bien fait mais un peu ennuyeux en l'état quand il est bu pour lui-même. Je croise les doigts pour que ce ne soit qu'un engourdissement après cette longue mise en veille en bouteille...

Et comme vous le savez si vous me lisez depuis que ce blog existe, le temps est mon ami. Et sa magie a encore opéré, ce coup-ci. Après 5-6 heures d'attente durant lesquelles j'ai laissé la bouteille gentiment ouverte, (je préfère cette méthode oxygénatoire que je trouve plus douce que la carafe), ce Pessac s'est révélé totalement. Au niveau aromatique, les fruits sont arrivés pour compléter la palette évoquée ci-dessus, des fruits noirs et un peu de cerise. Un soupçon de notes de fourrures animales ou de cuir par moment, de la réglisse à d'autres. En bouche, tout est resté en équilibre, mais en s'élevant d'un cran. J'ai mieux perçu l'acidité, les tannins se sont un peu éveillés, davantage de gourmandise et de profondeur au programme. Aucune verdeur à signaler. J'ai l'impression qu'il y a une grande maîtrise dans l'élaboration de ce Cruzeau, de la récolte à l'élevage. En même temps, Lurton est tout sauf un débutant! Toutefois, si j'avais dû localiser ce cru à l'aveugle, je serais plutôt parti sur la rive droite plutôt que sur la rive gauche, mais cet exercice est vraiment périlleux et j'espère m'améliorer à ce jeu d'ici un siècle ou deux!



Je ne déborde pas d'enthousiasme, mais je suis tout de même très agréablement surpris, et, je l'avoue, soulagé, de constater cette nette amélioration. Ce vin est donc bien un digne représentant de son appellation. Il me semble totalement prêt à boire si on prend la peine de l'aérer, neuf ans au compteur tout de même, mais il devrait rester à son apogée au moins 2-3 ans, et procurer encore un certain plaisir d'ici 10 ans, d'après ma maigre expérience en matière d'anciens millésimes bordelais.

Je vous laisse avec une première piste, le site officiel des vignobles Lurton. Je n'ai malheureusement pas de boutique en Belgique à vous suggérer pour acheter ce Cruzeau. A part peut-être Le Palais du Vin, qui semble être le distributeur officiel chez nous, mais qui est davantage réservé aux professionnels plutôt qu'aux particuliers.
Si vous en trouvez, faites-le moi savoir et j'ajouterai l'info à cet article.

Ma note globale: J'étais parti sur un 81 en début de dégustation pour souligner le savoir-faire derrière ce vin malgré ma frustration, mais je vais grimper jusqu'à 87/100. Ce n'est pas encore aujourd'hui que je ferai du "Bordeaux bashing..." ;-)

mercredi 16 juillet 2014

Chardonnay Pinot noir, Sparkling Brut, Jacob's Creek, Australie

Même dans les lieux les plus improbables, je reste toujours à l'affût lorsqu'il y a des bouteilles à découvrir. Une véritable déformation épicurienne, je suppose. Ce samedi en l'occurrence, c'est à Enghien, en plein festival de Lasemo, lors d'un showcase VIP en l'honneur du groupe Marty and the Magic Minds, que j'ai voyagé vers l'Australie, le temps d'une mini-dégustation de la gamme Jacob's Creek. (Non, je n'ai peur de rien). Jacob's Creek, c'est du vin de marque. Une production gigantesque sponsorisée par Pernod Ricard. Il paraît même que les vins de cette boîte sont distribués dans une centaine de pays, avec des spécificités et des bouteilles différentes pour s'adapter aux préférences des consommateurs du monde entier. Un peu comme le fait McDo, par exemple. Et en Belgique alors, à quelle sauce sommes-nous mangés? Je vous parlerai essentiellement de bulles, puisque j'ai eu le temps de déguster en long et en large le Sparkling Chardonnay Pinot Noir. Au nez, sans grande surprise, ce sont les arômes délicats et floraux du Chardonnay qui donnent le ton. Simple, mais efficace. En bouche, la bulle n'est pas agressive, sans être non plus d'une finesse redoutable. Une décente acidité, sans doute une contribution de monsieur pinot, apporte de la fraîcheur et de la vivacité à ce vin pétillant. C'est assez bon. Ça crée l'illusion, imitation champagne, la complexité en moins. Le point faible se loge selon moi au creux de la finale, courte et un peu asséchante. Cruel retour sur terre. Mais qui s'en plaindra lors d'un cocktail mondain? L'alcool n'est pas du tout envahissant par contre, ce qui rend le tout somme toute assez digeste et facile à boire, et c'est ce qu'on attend de ce type de breuvage après tout. Si certaines bulles peuvent bénéficier de quelques degrés de plus dans le verre, celui-ci est à consommer très très froid! Ça se trouve très facilement, chez Delhaize, Colruyt, et sans doute chez Carrefour aussi, pour un peu plus de 9 euros. On peut aisément trouver mieux pour un peu moins cher en cherchant du côté des crémants de Loire, voire ceux de Bourgogne pour rester dans l'esprit Chardonnay/pinot noir. Ma note globale: 76/100 Quelques mots sur deux autres Jacob's Creek testés mais dont je n'ai pas les références exactes: - Un blanc à base de Chardonnay, passé en barrique: criard, vulgaire. Très exubérant mais le discours n'est pas à la hauteur. Lourd qui plus est à cause d'un déficit en acidité. Je ne le recommande pas. - Un rouge à base de Shiraz: Ici par contre, c'est intéressant. Des arômes élégants de violette, beaucoup de fraicheur, une finale vanillée notamment. C'est mon favori parmi le trio de l'après-midi, à revoir!

vendredi 11 juillet 2014

Le Poquelin 2011, rouge, domaine des Côtes de la Molière, Beaujolais

Il faisait chaud dans nos contrées, le mois dernier. Un temps évidemment orageux aussi, c'est toujours comme ça, le ciel nous fait payer chaque hausse de température, mettant en péril les barbecues que tout le monde s'empressait d'allumer en même temps dès qu'un week-end chaleureux se présentait. Même si les règles et les convenances ne sont pas mes tasses de thé en matière de vin, je n'ai pas particulièrement envie de vins corsés et exubérants pour accompagner la fournaise. Je n'ai pas non plus envie de rosés, même si j'en ai déniché de sacrément bons ces derniers temps (il faudra que je vous parle un jour de cette cuvée du Sud-Ouest signée Plaimont producteurs, abritée dans cette jolie bouteille en forme de carafe, si je parviens à remettre la main sur un de ces délices). Non, j'ai envie de rouge et de légèreté. Je vous présente donc tout d'abord ce vin naturellement vivant du Beaujolais, sans souffre, le Poquelin. Ce domaine produit également du Morgon, du Moulin à Vent, souvent en quantité confidentielle. Vous pouvez accéder au site internet via ce lienpour avoir un aperçu de la gamme.

J'ai appris l'existence du domaine des Côtes de la Molière via un blog. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit du blog de la propriété, alimenté régulièrement par Isabelle Perraud, la compagne de Bruno, son vigneron. Des tranches de vie, des états d'âme, et des clés pour apprendre à déguster et apprécier leurs vins dans les meilleures conditions. Allez donc jeter plus qu'un œil sur ce blog passionné, passionnant, vivant!



Première surprise, la bouteille est cachetée à la cire. Une attention, une précaution que je trouve judicieuse, et qui invite déjà à la patience. Vous me direz qu'on parle de Beaujolais... oui, et alors?
Il y a plusieurs techniques pour déverrouiller le flacon. Certains choisissent de ramollir la cire sous la flamme, d'autres y vont carrément au marteau pour la casser. Sachez qu'en enfonçant un bon tire-bouchon "Sommelier" de manière traditionnelle, ça fonctionne très bien, la cire se fend ou se brise en libérant le bouchon, il suffit de veiller à ne pas en faire pénétrer des miettes dans la bouteille.

Nous avions une paisible soirée devant nous, heureusement. Parce que ce Poquelin a décidé de se la jouer en mode confidence. Il aura fallu plus d'une bonne heure avant qu'il ne se décide à causer, par bribes, en chuchotant. En effet, à l'ouverture, quasi rien. Le nez était pratiquement aux abonnés absents, et en bouche, un liquide proche de l'eau. A peine un vague perlant. Ce n'est pas mauvais, c'est simplement vide de sens, et c'est déroutant si on ne prend pas le temps de comprendre ce que cache cette bouteille. Si vos convives ont le verre vide, évitez d'ouvrir ce flacon pour parer au plus pressé, vous risquez le fiasco. Vous le risquez, je n'ai pas dit que ce serait assuré, parce qu'on a face à nous un vin naturel, sans additifs, et il se peut que six quilles de ce même vin décident de bavarder avec nous à des moments différents, dès l'ouverture ou plusieurs heures après. Mais si le vin vous contraint à l'attente, vous n'en serez pas déçu, bien au contraire. La cerise viendra vous chatouiller le nez, on trouvera du fruit rouge et des épices en bouche avec la rétro-olfaction, et surtout une jolie finale de longueur satisfaisante sur des notes poivrées et des accents de noisettes en plus de bâtons de réglisse. Un vin étonnant, extrêmement bien fait, mais qui n'est pas là pour tonitruer ou pour taper du poing sur la table. C'est très fin, très discret, il faut le boire avec beaucoup d'attention. En terme de structure, on a une acidité marquée et bienvenue, on sent très peu de tanins, et l'alcool est à peine perceptible, en fait on y pense même pas. On doit tourner aux alentours de 11,5%, c'est tout en souplesse que ce nectar traverse le gosier pour nous laisser sur une impression de légère sécheresse, comme si il fallait trouver un prétexte à la gorgée qui suit. C'est un peu facile, mais ce Côtes de la Molière est plein de poésie. On perçoit très bien la philosophie du vigneron tout au long de la dégustation, c'est assumé pleinement et c'est ce que je recherche. On peut adhérer ou non aux convictions d'un viticulteur, mais ce qui compte surtout c'est qu'il en aie et que ça se ressente, c'est mission accomplie avec ce Poquelin, gageons que les autres créations du domaine sont élaborées avec la même passion en proposant des styles différents, je n'hésiterai pas à les découvrir si l'occasion s'en présente.

Pour terminer, sachez qu'il me restait de quoi servir un bon verre le lendemain midi, et le vin n'avait absolument rien perdu par rapport à la veille, peut-être même un tout petit peu plus d'ouverture. Donc, pour ceux qui ont des craintes sur le manque de tenue dans le temps des vins sans souffre, même si on parle ici seulement d'une quinzaine d'heures, ceci devrait les rassurer!

Et pour vous procurer ce vin en Belgique, je vous suggère A Taste Affair, un caviste néerlandophone qui offre une sélection très pointue de vins dits "nature", en provenance de France, d'Italie, d'Espagne, d'Autriche ou encore de Slovénie. La livraison est gratuite (enfin c'était le cas sur ma première commande), mais cela semble se répercuter sur le prix des bouteilles à l'unité, un peu plus élevé que la moyenne. Mais vu la rareté de certains flacons, ça peut se comprendre.

Ma note globale: 81/100

Confusion de Grenache Noir 2011, rouge, Mas des Caprices, IGP Aude

Aujourd'hui, je tiens à vous parler d'un OVMI (objet vinicole mal identifié), puisqu'il tombe dans la catégorie des IGP. Il s'agit d'un pur grenache noir, récolté en sur-maturité, comme si on voulait vinifier un vin doux naturel, une des spécialités de la région du Roussillon. En effet, nous nous trouvons entre Narbonne et Perpignan, à Leucate plus précisément, chez Pierre et Mireille Mann, heureux propriétaires du Mas des Caprices. Mais point de vin doux pour cette cuvée "Confusion" élevée comme un vin rouge traditionnel, sans apport de bois. Le résultat? Un breuvage titrant 15,5%, et contenant une mini-pincée de sucres résiduels à laquelle on ne pense même pas au cours de la dégustation. Avant d'entrer dans le vif du sujet, notons que ces vignerons savent également faire dans l'AOP, puisqu'ils proposent du Corbières ainsi qu'une cuvée au nom emprunté du vocabulaire liégeois "Oufti", qui n'est autre que l'anagramme de ... ? Vous l'avez?



Le nez se livre quasi d'emblée et est assez expressif et captivant, il retient régulièrement mon attention pendant plusieurs secondes. 30 minutes d'ouverture sont largement suffisantes pour en profiter pleinement. Lorsque je verse le vin dans le verre, des notes d'amandes grillées du plus bel effet m'apparaissent au premier plan, ça donne presque faim. La cerise et la myrtille suivent de près, quelques fruits rescapés qui surnagent au milieu de parfums épicés. L'alcool est perceptible aussi, je sais que j'aurai quelque chose de corsé au programme. Un nez relativement complexe donc, on identifie aisément le grenache dans toute sa splendeur, qui se met à nu sans tourner autour du pot.



En bouche, petite surprise, l'attaque est menée tout en douceur et en suavité, avec un infime perlant, tellement ténu qu'il pourrait sortir de mon imagination. Ensuite, des tanins fins, discrets mais nombreux, ainsi qu'une certaine puissance liée à l'alcool se rappellent à mon bon souvenir. Une belle matière cohérente qui me transporte aisément jusqu'à une finale qui s'étire en prenant tout son temps. On y retrouve la cerise dans un premier temps, puis une douce amertume qui persiste de longues secondes. A signaler également qu'une certaine fraîcheur accompagne toute la dégustation, le résultat de la combinaison d'une acidité modérée et probablement de la très discrète présence de gaz carbonique. Aucune lourdeur donc! C'est un grand vin, extrêmement bien construit, et qui ressemble à une main de fer dans un gant de velours. Je vous suggère de réserver cette bouteille pour accompagner un gibier nappé d'une sauce au fruit, l'accord devrait être jouissif, mais vous pouvez tout aussi bien le déguster pour lui-même après un bon repas, ça changera un peu du digestif et ça vous mènera vers un repos bien mérité.

Certains utilisent le rapport masculin/féminin pour décrire ce vin, ce qui me parait un peu réducteur parce que nous connaissons tous des femmes pleines de poigne et des hommes un peu mou dans notre entourage. Mais il est clair par contre que ce vin révèle une véritable dualité, une complémentarité entre finesse et puissance, le ying et le yang. Preuve donc qu'il y a une part de masculinité chez la gente féminine, et vice-versa!

Selon le site officiel du Mas des Caprices, ce vin n'est produit qu'à 1500 exemplaires, et il ne voit le jour que lors de millésimes très cléments. Ce qui me laisse un petit espoir pour 2013, cette région ayant été plutôt épargnée en comparaison avec le Bordelais ou la Bourgogne... A suivre!

Mais en attendant, il doit bien rester quelques flacons estampillés 2011 par-ci par-là, tentez le coup chez BioBelVin à Spa, tant que vous m'en laissez, vous pourrez vous l'offrir pour 19,20 EUR.

J'ai aussi trouvé du 2009 chez Proef de passie, caviste néerlandophone à Ninove que je n'ai pas encore testé mais qui propose une sélection qui me semble assez pertinente et originale, grand choix en Languedoc notamment.

Ma note globale: 94/100

Santé!

jeudi 8 mai 2014

Bonne pioche chez Colruyt: Domaine du Clos Pichard 2012, St Nicolas de Bourgueuil, rouge, Loire

Je n'y suis pas allé au hasard. C'est l'excellent et abondant Hervé Lalau qui en a parlé sur le blog "Les Cinq Du Vin récemment. Vous pourrez lire son article ici.

Je n'ai pas grand chose à rajouter, son enthousiasme était justifié. Je dirais simplement que c'est un vin très plaisant, qui se boit tout seul, vraiment bien fait sans être d'une grande complexité, mais pour une fois qu'on peut profiter pleinement de généreuses gorgées sans réfléchir... C'est un grand classique de Saint Nicolas de Bourgueuil, on est sur le fruit, on y trouve des arômes de jus de fraise, un peu de framboise, et un soupçon de poivron en cherchant bien, c'est courant avec le cabernet franc. J'ai tout de même bien apprécié la matière en bouche, assez dense. Bref, encore un flacon sympa qui égaiera vos convives! Je vous conseille d'en avoir un second sous la main, au cas où...
Je l'ai trouvé à 6,49 EUR en magasin pour ma part.

Ma note globale: 87/100

vendredi 2 mai 2014

Vernaccia di San Gimignano 2012, Teruzzi & Puthod, Toscane, Italie

Je pense que ce n'est que le deuxième vin en provenance d'Italie que je vous présente sur ce blog. Et pourtant, les vins de ce pays, qu'ils viennent du nord ou du sud, me plaisent énormément. Je vais donc me rattraper en vous présentant quelques pépites italiennes dans les articles à venir.

On démarre par une incursion en Toscane, dans la province de Sienne, plus précisément à San Gimignano (à lire à voix haute, avec l'accent, per favore). La spécialité locale, c'est le blanc sec, à base du cépage Vernaccia. C'est ma première rencontre avec cette variété, et j'en suis assez satisfait! Teruzzi & Puthod, c'est un domaine imposant, le plus gros producteur du coin, d'ailleurs. Plus de 500.000 bouteilles pour ce Vernaccia di San Gimignano par exemple, plus d'un million de bouteilles au total. Mais cette maison fait partie de celles où quantité rime avec qualité.

Une mention toute spéciale pour le nez, un parfum vraiment très agréable et qui annonce une complexité intéressante. Une pointe d'agrumes pour ouvrir le bal, puis la pêche et les fleurs blanches s'invitent au fur et à mesure. Ça me fait un peu penser à du chardonnay qu'on aurait "sauvignonisé". ;-)

En bouche, l'attaque est un peu molle, un poil lourde avec un petit manque de profondeur. C'est le seul reproche que je puisse faire à ce vin, peut-être est-ce dû au millésime, c'est une hypothèse, l'an 2012 était assez chaud en Italie d'après ce que j'ai pu lire à gauche et à droite. Mais cette impression s'estompe progressivement parce qu'on a un regain d'énergie en milieu de bouche, les arômes en rétro-olfaction sont fidèles au nez. Une acidité relativement en retrait et une douce onctuosité la domine. La finale est d'une longueur plus que correcte, et distille de petites notes d'amande. C'est vraiment fort bien fait.

A noter que ce vin n'a pas bougé sur un peu plus de 24 heures, rebouchée et au frigo. Un bon point.

On peut trouver ce vin chez Licata Vini mais je viens de constater qu'ils sont passés au millésime 2013, ça m'intéresse! Pour 10 euros, c'est une bien belle bouteille. Je vous laisse avec le site officiel du domaine, dispo en anglais, italien ou allemand. Ma qué, et le français, alors?!

Ma note globale: 85/100

Flash mémoire: French Kiss 2013, blanc, Chateau La Mothe du Barry, Joël Duffau, Entre-Deux-Mers

J'ai plusieurs bonnes raisons de vous parler de cette chouette bouteille pour laquelle j'ai craqué lors d'une après-midi de dégustation fin 2013 et que j'ai débouché début avril.

La première concerne forcément son contenu. Il s'agit d'un assemblage "traditionnel" de l'Entre-Deux-Mers, le Sauvignon se taille une large part du gâteau, le sémillon et la muscadelle viennent arrondir et compléter cette pièce gourmande. Au niveau aromatique, c'est assez classique sur les agrumes (pamplemousse) et le buis, un nez ouvert mais qui n'en fait pas des tonnes. Par contre, la structure est remarquable. En bouche c'est tranchant, une belle acidité se laisse progressivement entourer par un soupçon d'onctuosité, le tout est extrêmement léger et la finale, véritable point fort de ce blanc, désaltère autant qu'elle donne soif d'une gorgée supplémentaire. Un vin d'une lecture facile qui se boit goulument en toute confiance, et bien frais!



La seconde concerne sa capacité toute désignée à accompagner des fruits de mer, le mariage met/vin coule de source pour une fois chez moi. Il glisse également tout seul pour l'apéro mais pas besoin de vous ruiner avec un grand Chablis pour accompagner des huîtres, ce French Kiss se débrouillera parfaitement, et vous sortirez un peu des sentiers battus pour surprendre vos invités par la même occasion. Son prix: 6,70 EUR. Où ça? A la vinapothèque du Millésime à Sourbrodt, pour changer! ;-)

Enfin, la dernière raison concerne les propriétaires du château La Mothe du Barry. Joël et Sandrine Duffau sont installés à Moulon depuis 1985. Je ne les connais pas personnellement, mais qui sait, au détour d'un salon... Par contre, Sandrine et Joël Duffau tiennent un blog dans lequel ils nous présentent la vie du domaine au quotidien, et c'est très enrichissant. On se rend compte par exemple que ce n'est pas rose tous les jours, que la météo et la nature sont bien plus puissants que nous et qu'il faut sans cesse s'adapter et réagir rapidement pour les vignerons. L'Entre-Deux-Mers a été sévèrement touché par la grêle cet été, certains ont perdu la totalité de leur récolte, vous imaginez donc le manque à gagné et le travail de toute une saison viticole anéanti en quelques heures... Il y a bien plus que du jus de raisin dans nos bouteilles.
Apprécier un vin et le lui dire va vraiment droit au cœur du vigneron qui l'a produit, ces sympathiques personnes adorent le contact avec les gens, on peut s'en rendre compte car ils présentent eux-mêmes leurs flacons dans plusieurs coins du monde. Un blog vigneron plein d'émotions et de positivisme, que je vous invite vraiment à consulter si vous désirez en apprendre davantage sur la vie mouvementée de la vigne et si vous aimez comme moi apprendre à connaître "ceux" que vous buvez...



Viendez, c'est par ici

Ma note globale: 84/100

vendredi 25 avril 2014

Dégustation de haut vol à BioBelVin ce samedi 26 avril!

C'est un peu tard pour vous en avertir, mais si je vous en parle c'est parce que j'y ai participé ce vendredi, et je peux donc vous confirmer que ça vaut très franchement le coup! J'ai emporté quelques quilles que je vous présenterai en détail dans un futur proche à lointain selon la date d'ouverture des flacons.
En bref, 6 domaines dont les vignerons sont quasi tous sur place, une vingtaine de vins en dégustation, il y en a pour tous les goûts mais chaque cru mérite votre attention.
Samedi 26 avril de 13h à 19H au commerce (rue Delhasse, 36 – 4900 Spa
Au programme:
- des Anjou et Savennières (Loire) du domaine Loïc Mahé ; des vins d'une grande pureté et d'une belle précision.
- des Côtes du Rhône du domaine Plantevin. Jeune vigneron prometteur, plein d'ambition, évitez de lui parler des Beatles mais ne manquez pas son Rasteau!
- des Bourgogne du domaine Pelletier ; propriétaire dynamique et sympathique, vaste gamme qui va du vin de soif au vin racé en passant par le vin de terroir. Du Hautes-Côtes de Nuits remarquable autant en rouge quen blanc!
- des Bergerac du Château La Tourmentine ; leur signature "cassis" est reconnaissable entre toutes, des vins très gourmands.
- des Corbières du domaine La Cendrillon ; innovants et talentueux, une valeur sûre. Un nouveau blanc à base de quatre cépages dont le macabeu et l'albarino m'a totalement charmé!
- des Languedoc du domaine Mas des Caprices. le Fitou "Oufti", et de petites merveilles liquoreuses, à tester absolument pour conclure ce fin parcours!

Entrée: 5 euros

mercredi 23 avril 2014

Clos de la Coulée de Serrant 2009, Nicolas Joly, Savennières, Loire

Trois jours sur le Chenin du paradis...

Au fil de cet article, je vais tenter de vous faire participer à ce pèlerinage vers la perfection auquel j'ai pris part en dégustant cette bouteille tout simplement inoubliable. J'éprouve un brin de nostalgie rien que d'en parler parce que je sais que je n'en reboirai pas de si tôt, c'est le genre de grand vin que je ne peut pas m'offrir au quotidien, et même si je pouvais je ne le ferais pas, ce qui de toute façon permet de conserver d'autant mieux les instants magiques qu'il m'a procuré. J'éprouve également de la gratitude envers ma compagne qui m'a permis d'y goûter, de la gratitude envers le terroir et la conviction dans le travail effectué par le digne représentant de la biodynamie qu'est Nicolas Joly, et de la gratitude envers le vin en général, parce que cette passion qui me tient tant à cœur diffuse tant d'émotions lorsqu'on se retrouve en communion avec une telle qualité. J'éprouve enfin, je dois l'avouer, une certaine fierté, parce que je pense avoir été à la hauteur de comprendre ce vin et de l'apprécier pleinement. En effet, c'est plus compliqué qu'il n'y parait, même si j'avais été averti. Ce vin a besoin de temps pour s'exprimer totalement, et vous devrez attendre deux à trois jours après l'ouverture de la bouteille pour en profiter.

Une brève mise en situation, avant d'entrer dans le vif du sujet. La Coulée de Serrant, c'est une AOC à elle toute seule, un monopole même. 7 hectares de chenin blanc appartenant à la famille Joly sur des pentes assez abruptes donnant sur la Loire dans la zone de Savennières. L'élevage est réalisé en barriques durant quelques mois, mais quasi sans apport de bois nouveau pour accompagner sans altérer le produit.



Dès l'ouverture, j'ai droit à un premier nez sur la pomme, l'alcool de prune, genre slivovitch. En bouche, je constate un perlant assez marqué. Aussi bien au nez qu'en bouche je suis assez surpris par une telle concentration d'alcool. J'apprendrai plus tard que ce blanc en contient 15,5%! Sans être désagréable, il y a très peu de plaisir à en tirer en l'état, la finale se recroqueville sur elle-même et est assez courte. Deux bonnes heures plus tard dans le fond de mon verre, je découvre des arômes d'abricot, j'ai l'impression de sentir davantage des cailloux gorgés de soleil. Un murmure, une promesse. En bouche, une acidité tranchante et plaisante, une impression de puissance. Le vin vit, travaille, se met en place comme une troupe répétant sa mise en scène avant le grand show.

J'ai conservé la bouteille debout et rebouchée à une température ambiante. Je l'ai également consommé à température ambiante. Ce n'est pas le genre de blanc qu'on place au frigo pour l'apéro. ;-)

Le deuxième jour, le nez a peu bougé. Par contre en bouche, c'est une autre histoire. Le frisant s'est dissipé. Ça s'harmonise, ça s'équilibre, ce qui pourrait se traduire par une impression plus gourmande, plus confiturée, l'impression d'un liquoreux mais sans sucre parce qu'une légère astringence titille les bajoues. On voyage entre le vin blanc et le vin rouge avec un soupçon de cerise qui complète le tableau aromatique. On gagne nettement en longueur, et j'ai maintenant vraiment envie d'en boire. Résistons cependant... y aura-t-il encore d'autres surprises? Parce que je suis encore sceptique quant au prix de ce flacon en l'état.



Bien sûr, il y en a eu. C'est finalement presque 72 heures après le premier débouchage que le vin fut prêt. Au nez, une gamme aromatique très vaste rassemblant les arômes évoqués précédemment dans un bouquet harmonieux, la prune bien mûre mène la danse mais une kyrielle de fruits l'entourent, ainsi que des notes minérales et pâtissières complètent le tableau. On hume beaucoup moins l'alcool, et aucune trace d'oxydation. En bouche, c'est le bonheur à l'état pur. Gourmand, vif, profond, maturité parfaite du fruit, chaque élément collabore pour sublimer l'ensemble. La finale est douce et onctueuse, très longue. Je plane haut, je ressens une émotion que je ne peux pas décrire en mots, je pense à pleins de belles choses et je ne peux rien faire d'autre que de déguster lentement, gorgée après gorgée, encore et encore. Je suis sur un nuage qui ne me libérera qu'une fois la bouteille achevée. Un rêve éveillé et ce qui se passe à l'extérieur ne compte pas. Vous avez dit vin de méditation?

J'ai lu beaucoup de choses concernant la Coulée de Serrant. Davantage d'avis négatifs et de déceptions que d'avis enthousiastes, bien que ceux ayant apprécié ne l'avaient pas fait à moitié. Bon nombre de bouteilles semblent défectueuses d'après les commentaires glanés ça et là sur les forums de passionnés. Ai-je eu de la chance? Je ne le crois pas. C'est un vin assez fragile, comme tout travail d'une grande précision. Il faut être très patient pour que tout se mette en place, il faut observer et le manipuler avec douceur, l'entreposer dans une cave appropriée si on tient à l'attendre. Il faut acheter ce genre de bouteille chez un caviste fiable et de confiance, si ce n'est à la propriété elle-même. On peut en dégoter moins cher sur le net, mais à ce moment-là les risques de déception grimpent dangereusement, ce qui donnera d'autant plus de convictions quant à critiquer la Coulée étant donné son prix effrayant, au-delà de 50 euros. Un vin peut-il valoir plus de 50 euros si on met de côté le paramètre "rareté"? De manière pragmatique, je pense que la réponse est non. Le plaisir ne se quantifie pas et la marge bénéficiaire est déjà plus que confortable pour le producteur alors pourquoi en rajouter? Mais dans les faits, la réponse est malheureusement oui, parce que nous n'avons pas le choix. Certains vont jusqu'à mettre une centaine d'euros sur un Bordeaux ou un Bourgogne Premier cru sans sourciller, pourquoi ne pourrait-on pas le faire sur un Savennières? J'ai dégusté récemment un Clos Vougeot lors d'un salon, certes un vin dix fois trop jeune et dans des conditions compliquées, vendu 64,50 EUR. Je n'ai quasi rien ressenti et j'ai acheté le Passe-Tout-Grains du même domaine à 7,50 EUR parce que lui au moins avait une bonne petite blague à raconter.
Ce qui compte, c'est que bien d'autres vins sont susceptibles de donner des émotions aussi fortes à des tarifs bien plus accessibles. Elles peuvent être aussi fortes, mais elles seront toujours différentes, chaque vin est unique. Nos sensibilités le sont également. Et un vrai passionné dégustera de toute façon l'une ou l'autre bouteille hors de prix au cours de sa vie. Ma dernière contribution concernant le débat sur l'intérêt ou non de la Coulée de Serrant: je pense qu'il est totalement indéniable, et que tant qu'il y aura des personnes pour la délaisser ou la trouver surfaite, il en restera pour les amateurs dont je suis heureux de faire partie!

Si le pèlerinage vous tente, je vous recommande une visite au magasin BioBelVin à Spa. Hormis la Coulée de Serrant, vous y découvrirez le second vin du domaine de Nicolas Joly "un peu" moins cher, mais aussi pleins d'autres pépites bio ou biodynamique à découvrir, essentiellement françaises, les propriétaires bienveillants et expérimentés se feront un plaisir de vous guider.

Et enfin, un petit reportage sur le vignoble aux temps des vendanges histoire de faire connaissance avec ce sacré Nicolas Joly.

Ma note globale: 99/100

Flash mémoire: Da'Divas Merlot/Cabernet Sauvignon 2008, Lidio Carraro, Brazil

Non, chers lecteurs, je ne vous oublie pas! Mais étant donné que mes autres activités, musicales surtout, me prennent un temps certain, voilà un moment que je n'ai pas pu alimenter ce blog, ce qui ne signifie pas que je n'ai plus ouvert de flacons, que du contraire! Mais je n'ai pas pris de notes à tous les coups. Je vais donc démarrer cette nouvelle rubrique intitulée flash mémoire", qui consistera en un bref résumé de ce qui m'a marqué dans chaque bouteille, je vais donc essayer d'en dégager les particularités sans entrer dans tous les détails de la dégustation. Je me dis que ça vaut toujours mieux que de ne rien en dire du tout, mais je m'excuse d'avance pour le manque de précisions concernant les vins décrits dans cette rubrique. Le but est, au moins, de vous en donner une vague idée.

Commençons tout de suite par cette découverte brésilienne. Dès le mois de juin, qu'on le veuille ou non, la Coupe du Monde de football va déferler sur les petits et grands écrans du monde entier. On connait la caïpirinha, la bière brésilienne, mais moins son vin. Pourtant, comme dans de nombreux pays, la production de qualité et la consommation augmente, en douceur toutefois. Et si je vous parle de la coupe du monde, c'est que la maison Lidio Carraro a été sélectionnée comme partenaire officiel pour la distribution de vin durant l'événement, un joli coup de projecteur qui récompense un travail rigoureux. On y trouve de nombreuses cuvées constituées de cépages internationaux, incluant le Pinot noir, le Tempranillo, le Merlot, le Tannat, le Touriga NaCional ou le Chardonnay. Une nouveauté aussi: une cuvée à base de Teroldego, un cépage italien, je donnerais cher pour la déguster. Mais quant à la trouver... On notera que tous les élevages se déroulent en cuve pour exprimer un maximum de fruit, le bois est banni. Signalons également que les vendanges se font manuellement.



J'ai eu la chance de dénicher l'une de ces cuvées, il s'agit du Da'Divas Merlot/Cabernet Sauvignon 2008. Petite incursion dans la région d'Encruzilhada do Sul.

60% Merlot, 40% Cab. Difficile de ne pas penser à Bordeaux dans ces conditions. Pourtant, si j'avais eu à identifier ce vin à l'aveugle, je me serais plutôt dirigé vers un vin "plaisir" du Languedoc. C'est assez ensoleillé dans le verre, une belle maturité du fruit avec des arômes de fraise, entre autres. Un nez bien agréable, expressif mais relativement simple. En bouche, c'est souple, les tanins sont bien intégrés, les 13,5% d'alcool le sont tout autant. Un bel équilibre, une finale de longueur moyenne conduisant vers une infime amertume bienvenue. Un joli vin bien ficelé, sans véritable défaut, mais pour le prix qui tourne autour des 12-13 euros si je ne m'abuse, on pourrait s'attendre à quelque chose de plus "unique" et on trouvera des équivalents bien plus abordables plus près de chez nous. Ce vin offre malgré tout un plaisir certain, et pour les curieux dans mon genre, il vaut la peine d'être dégusté. Et tant qu'on parle de prix, les taxes sont tellement énormes sur le vin au Brésil que leurs bouteilles coûtent quasi plus cher là-bas qu'ici!



J'avais également en ma possession un Fausto 2007 produit par Pizzato, 100% Tannat, je m'en réjouissais beaucoup mais malheureusement un problème de bouchon a gâché la fête.

Je me suis procuré ce nectar auprès de la sympathique et inventive Vinciane Gille, propriétaire du magasin Viti Vini à Liège. Spécialisée dans les vins hongrois, et toujours à la recherche de nouveautés pour animer sa boutique, on y trouve aussi des pépites roumaines ou croates en partenariat avec les deux importateurs de ces pays dont je vous ai déjà parlé. N'hésitez pas à y faire un tour, vous y ferez des découvertes originales à prix doux et il y a toujours l'un ou l'autre nectar à déguster! Une adresse hautement recommandable, dont voici le site web.

Ma note globale: 80/100

lundi 17 mars 2014

Saint-Bris 2012, blanc, Domaine Les Temps Perdus, Clotilde Davenne, Bourgogne

Ah, si seulement je pouvais trouver un matou qui pisse un tel nectar!

Je souhaite attirer votre attention aujourd'hui sur une appellation qui est encore relativement confidentielle. L'AOC Saint-Bris est née en 2003, et elle s'étend sur une petite centaine d'hectares. Le domaine des Temps Perdus quant à lui se situe dans l'Yonne, en gros entre Auxerre et Chablis. La caractéristique notable de Saint-Bris, c'est du sauvignon, en Bourgogne. Tout arrive!

Disons le tout de suite, les arômes de ce 100% sauvignon sont bien trop élégants pour y retrouver le côté "pipi de chat" souvent associé à ce cépage. Précisons également que l'élevage s'effectue en cuve pour la totalité des vins blancs du domaine.



Au premier nez, c'est très frais, les agrumes sont au première ligne: citron, pamplemousse. Une pointe de cassis effectue de timides incursions. Un soupçon d'arômes minéraux m'apparait un peu plus tard après aération. L'alcool est très peu perceptible. C'est superbe et prometteur pour la suite.

En bouche, un infirme perlant m'accueille, en compagnie d'une acidité vive mais parfaitement dosée. Ce perlant s'évapore assez rapidement. Lorsque je fais voyager le vin autour de la langue, une onctuosité gourmande s'installe progressivement. Encore un modèle de vin très équilibré. Le milieu de bouche est dense, savoureux, c'est vraiment à ce stade que je me rend compte de la qualité de cette cuvée. La finale me laisse sur une impression de fraicheur et de douceur, et elle est furieusement longue, ce qui était à prévoir. Je ne sais pas comment décrire ça précisément en mots, mais le côté bourguignon se perçoit en fin de bouche. On démarre avec des agrumes, mais on termine par ce qui ressemble à des fleurs blanches. Une sorte de fondu-enchaîné entre l'expression du cépage et celle du terroir. Du grand art! Ça me laisse penser qu'on peut le consommer aussi bien maintenant pour bien profiter du fruit, mais qu'on peut également le garder 4-5 ans pour le voir évoluer.

Je suis parfois surpris par des bouteilles que je n'attends pas, je suis parfois déçu de bouteilles dont je me réjouis, mais là, j'attendais beaucoup et j'ai reçu énormément. J'ai acheté ce vin après dégustation au printemps 2013, pour 8,10 EUR, cadeau. Clotilde Davenne produit également du sauvignon de Saint-Bris en version vieilles vignes centenaires, j'ai longuement hésité entre les deux mais, sur le moment de la dégustation et parce que j'avais d'autres achats en vue, j'ai visé le rapport qualité/prix avant tout et les 11 euros d'écart m'ont freiné. Je vous propose donc, en sus du site officiel du domaine des Temps Perdus, une vidéo de Clotilde Davenne présentant le Saint-Bris vieilles vignes 2010.

Vous trouverez également chez elle divers Chablis, et du Crémant de Bourgogne.

Une seule mauvaise nouvelle par contre, et c'est bien triste... je n'en ai plus!

Ma note globale: 93/100

mercredi 12 mars 2014

Finca la Colonia Torrontés 2013, blanc, Luján de Cuyo, Mendoza, Argentina

Suite à une bouleversante dégustation proposée par Pierre Christman ce lundi 10 mars lors d'un de ses cours d'œnologie, je n'ai pas résisté à l'envie de ramener quelques fonds de bouteille afin de vous les présenter plus en détail. Les vins argentins étaient à l'honneur lors de cette soirée, et plus précisément ceux de la Bodega Norton. Un sacré anti-virus, je vous le dit! Et des vins précis comme du cristal, puisque la famille qui possède cette maison est autrichienne, il s'agit de Swarovski.

Entamons ce voyage avec un blanc, à base du cépage local hyper-productif qu'est le Torrontés. Des rendements à l'hectare cinq à six fois supérieurs par rapport aux cépages habituels plantés en France, et pourtant une concentration aromatique admirable. Le pays d'Astor Piazzolla se trouvant dans l'hémisphère Sud, nous disposons déjà des millésimes 2013 depuis un petit moment. Cette bouteille est proposée à un prix indécent de 5,92 EUR, et elle possède une capsule à vis en guise de fermeture. Ja, ja, schroefdop!



Le nez est très expressif, d'emblée. Ce qui frappe au premier abord, c'est qu'on hume clairement de beaux raisins. Mais le floral flirte avec le fruit par la suite: œillet lilas, pointe de géranium, en compagnie d'une mandarine. Monsieur Propre m'est également apparu de manière fugace au fil de la dégustation. C'est très élégant, sans fausse note... C'est le génie de Jorge Riccitelli!

En bouche, l'attaque est douce et onctueuse, l'acidité est peu élevée. Une matière généreuse envahi le palais, on se laisse tripoter sans vergogne par les arômes décrits précédemment. On constate un petit crescendo de vivacité sur une finale raisineuse et très longue, qui nous offre un brin de fraîcheur bienvenue. L'alcool est présent mais sans excès malgré les 13,5% affichés, et enrobe parfaitement la gorgée.

Un très joli vin, qui n'est pas aisé à marier à un repas, mais qui donne beaucoup de plaisir lorsqu'il est bu pour lui-même, à l'apéro par exemple. Étant donné que c'est très aromatique, je conseille de ne pas boire ce blanc trop frais, histoire d'en profiter un maximum, histoire de s'en mettre plein la bouche. Il ne s'agit pas de le servir à la température d'un rouge complexe bien sûr, mais d'attendre un petit peu si il sort du frigo.



Cette bomba, c'est jusqu'à Courtrai qu'il faudra pédaler pour l'obtenir. De Clerck importe les vins de la maison Norton. Il y a un autre blanc à base de Torrontés qui est plus aisé à se procurer, il est proposé sous la griffe de Michel Torino, chez Colruyt. J'en ai un exemplaire, que je n'ai pas encore goûté mais qui est sans doute moins qualitatif que la Colona qui nous occupe ici-même, mais c'est une autre alternative pour faire connaissance avec ce cépage qui mérite assurément d'être découvert.

Pour prolonger cet article, je vous propose tout d'abord un lien vers le site officielde la Bodega Norton.

Ensuite, un petit papier (en anglais) consacré au magicien Jorge Riccitelli, le vinificateur maison, élu "Winemaker" de l'année 2012 par le magazine "Wine Enthousiast".

Pour terminer en beauté, une petite vidéo portrait de ce grand monsieur Riccitelli.

Ah, et j'allais oublier, voici le site internet de l'importateur de Clerck à Kortrijk, feuilletez-moi ce merveilleux catalogue, ça fait rêver!

Ma note globale: 88/100

dimanche 2 mars 2014

Les Graves de Julien 1998, rouge, Vignobles Pinaud, Bordeaux AOC

Depuis quelques semaines, j'ai l'immense privilège de déguster des trésors oubliés dans une cave à l'extrême fin du siècle dernier. Majoritairement des vins du Bordelais, de la fin des années 90. Je ne vous les présente pas individuellement parce que ce sont davantage des séances d'apprentissage et de découverte pour moi, pour tenter de décrypter les mystères du vieillissement des vins (et ils sont nombreux!), et d'autre part parce que beaucoup sont quasi introuvables aujourd'hui du moins dans les millésimes dégustés. Mais je ne peux résister à l'envie de vous parler de ceci.



Non, ce n'est pas un Graves. Non, ce n'est pas un Saint-Julien. Oui, c'est un "simple" Bordeaux AOC. Et c'est bien ça qui est extraordinaire. Il est vrai que nous sommes à Lussac, et que c'est donc en quelque sorte le second vin du château Vieux Busquet, en Lussac Saint-Emilion. Il n'empêche, ce Bordeaux n'est pas à proprement parlé conçu pour la garde. Je ne l'ai évidemment pas connu dans sa jeunesse, mais je me suis référé aux informations communiquées par les propriétaires sur leur site internet. 6-7 ans, pourquoi pas, mais 15?
Et bien... sans problème! Je procède toujours "à l'aveugle" avec ces bouteilles anciennes histoire de ne pas être influencé par une appellation. Et pour une fois il m'a été très aisé de repérer les cépages, j'avais la dominante merlot, complétée par 20% de cabernet franc et 10% de Cabernet Sauvignon. Le premier nez était légèrement sanguin, avec un brin de torréfaction, puis il s'est rapidement ouvert sur des notes de cerises assez marquées. En bouche, c'est extrêmement souple, les tanins sont tout fondus, la cerise circule allègrement et les notes végétales caractéristiques aux deux Cabernets font progressivement leur apparition pour me laisser sur une finale harmonieuse et bien longue. Un surprenant équilibre, l'acidité est modérée, l'alcool est sage et les tanins sont encore là bien que très soyeux. J'ai adoré.

Dans d'excellentes conditions, de nombreux vins ont une chance de traverser les âges et de surprendre. Et ce ne sont pas forcément ceux auxquels on s'attend. Dans ce lot magique, nous avions par exemple un Bourgogne Passe-Tout-Grains 1999 qui avait expiré, mais de peu. C'était prévu. Nous n'avons pas terminé la bouteille. Il en reste 4 ou 5 en cave, peut-être y aura-t-il un miracle pour l'une d'entre elles. Un Montagne-Saint-Émilion 1996 superbe, un grand moment, encore en pleine forme, sans réelles traces d'évolution et pourtant conservé debout! Un "Z" de Zédé 1998 acidulé mais bien portant qui pourra, peut-être, franchir le cap des 20 ans, ou encore un Fronsac buvable mais très fatigué. Mais c'est pour l'instant ce Bordeaux générique qui m'a le plus épaté. Il ne faut donc pas forcément investir dans des grands crus classés pour être charmé. On sera bien plus déçu de voir mourir un vin à 50 euros et plus. Je ne dis évidemment pas qu'il faut bouder des châteaux Palmer ou Figeac, ce serait dommage, ils offrent d'ailleurs davantage de garanties sur le long voire le très long terme, mais je dis simplement qu'il y a d'autres alternatives bien plus abordables financièrement pour se faire vraiment plaisir sur la garde.

Non, je ne suis pas prêt d'avoir percé les secrets du vin, à la bonne heure!

Le lien suivant vous mènera au Château Vieux Busquet

Ma note globale: 90/100

samedi 1 mars 2014

Bourgueil Vieilles Vignes 2011, rouge, domaine des Vallettes, Loire

Un peu de douceur dans ce monde de brut, voilà une des réflexions qui m'a traversé l'esprit au cours de la dégustation de cette bouteille. Encore un 100% Cabernet Franc de Loire, me direz-vous. C'est vrai, mais je n'y peux rien si ils ont tous quelque chose de différent à offrir. Après Chinon nous voici à Bourgueil, au domaine des Vallettes, 25 hectares aux mains de la famille Jamet depuis un bon bout de temps déjà.



Le nez est assez discret, même après avoir effectué la danse du verre. Qu'importe, la timidité n'est pas rédibitoire dans ce cas-ci, et on prendra notre temps pour lier connaissance. Il y a relativement peu de fruit, une framboise ou deux, peut-être. Par contre, on a du végétal, essentiellement du poivron vert. C'est assez net et typique du coin. J'ai pu lire ça et là que cet arôme était dû au fait que les raisins étaient récoltés avant leur pleine maturité, qui n'est pas toujours facile à atteindre étant donné le climat relativement frais par là-bas. Mais bon, à moins de ne pas aimer l'arôme de poivron, on peut en disposer ici sans les éventuels problèmes digestifs que son ingestion à bonne dose peut procurer! J'ai constaté de discrètes notes mentholées aussi, après une petite heure d'aération. Fait peu commun mais remarquable, l'élevage en barrique est tellement bien digéré que je ne le perçois même pas!

En bouche, pas de surprise du point de vue aromatique, on redécouvre la même chose, par contre au niveau de la structure c'est très rond, les tanins sont bien polis, l'acidité se font dans le décor. Très gouleyant, en somme. Ce vin passe en douce comme si il ne voulait pas vous déranger. La finale est de longueur moyenne, toujours sur ces notes végétales.



En conclusion, une brave petite bouteille qui manque un peu de confiance en elle mais qui a malgré tout une histoire à raconter, d'une voix feutrée, qui vous forcera à tendre l'oreille afin d'en capter la nature. Un passage en carafe est encouragé par le producteur, mais je n'en ai pas vu l'utilité pour ma part.

En effectuant un petit détour par le site internet du domaine, vous y trouverez également du Saint-Nicolas de Bourgueil ou des fines bulles d'Anjou.

Ma note globale: 83/100

vendredi 28 février 2014

Salon des vins de Remouchamps les 7, 8 et 9 mars 2014

L'édition 2014 de ce salon fort sympathique se profile à l'horizon! Je serai heureux de vous y rencontrez, un verre à la main, histoire de découvrir les nouveaux millésimes de certains producteurs que j'ai déjà évoqué ici, ou pour faire la connaissance d'autres vignobles. J'ai quelques invitations en stock, si vous en voulez, il vous suffit de me contacter ici ou sur mon adresse mail julienwayaffe@yahoo.fr.
Rendez-vous les 7, 8, 9 mars, donc. Vous trouverez toutes les infos nécessaires ainsi que la liste des producteurs présents

ici.

jeudi 27 février 2014

Villa Grand Cap 2012, Lionel Osmin & Cie, blanc, Vin de France, Sud-Ouest

Ouf! Me voici enfin à jour, après m'être familiarisé avec l'interface Blogger et après avoir transféré mes articles précédents en provenance de face de bouc, je vous propose mon premier compte-rendu rédigé spécialement pour ce blog des Vins de Julien.

Flash-back. Nous sommes le 15 septembre 2013, au château de Colonster (Sart Tilman), fin d'après-midi. Une longue dégustation organisée par Privinliège touche à sa fin. Plus de 70 vins testés, c'est éprouvant, et pourtant, juste avant de conclure par le bouquet final (les Cahors du Clos Triguedina), paf, un gros coup de cœur m'a pris par surprise chez Lionel Osmin!

Mon premier contact avec les vins de ce négociant du Sud-Ouest a eu lieu fin 2011, lorsque je devais m'occuper de trouver un Riesling à bon prix pour la choucroute de l'an nouveau. C'est alors qu'un caviste de la région de Metz, la bonne planque de mon ami Pascal, m'a suggéré un blanc moelleux pour l'apéro répondant au doux nom de "Chambre d'Amour". Peu attiré par ce style, du moins à l'époque, j'en ai tout de même ramené deux-trois spécimens pour l'occasion, ils ont fait fureur autour de la table! Et c'est tant mieux, j'ai pu savourer pleinement le Riesling... ;-)



Je ne saurai trop vous décrire la jubilation éprouvée lorsque j'ai planté mes lèvres dans cette Villa Grand Cap. C'était quelque chose de très nouveau pour moi, le blanc sec du Sud-Ouest. Jugez plutôt, au niveau des cépages nous avons 60% de Colombard, 20% de Sauvignon et 20% de Gros Manseng (à prononcer avec l'accent du Sud, c'est plus joli).
Pour schématiser de manière assez basique, le colombard est extrêmement aromatique, le sauvignon aussi mais apporte de la structure et du gras, le gros manseng offre de la puissance. Ces cépages s'associent à merveille dans cette cuvée. Un vin de cépages donc, plutôt qu'un vin d'appellation.

Concrètement, cela nous donne un nez très expressif, un plaisir pur si on apprécie les agrumes (citron, pamplemousse...) mais attendez... ça sent aussi... le raisin! Beaucoup moins que dans le Muscat alsacien, ce qui est heureux, mais c'est perceptible en toile de fond et c'est très chouette.
En bouche, on retrouve évidemment notre palette d'agrumes. La fraîcheur est extrême, l'onctuosité s'installe petit à petit, ce vin a beaucoup d'ampleur, de puissantes caresses pour le palais. La finale est très persistante, toujours sur le fruit, d'une longueur épatante. Je ne m'en lasse pas. C'est à boire assez frais, et dans sa jeunesse histoire d'en profiter un maximum. Mais les arômes complexes ressortent joliment aussi une fois que la température augmente, l'onctuosité donc ce gras en bouche s'intensifie. On peut jouer là-dessus.



Depuis cette découverte, je suis toujours très enclin à tester les blancs de Gascogne, du Pacherenc du Vic-Bihl et autres joyeusetés de la région. C'est souvent très dynamique et "désaltérant". Un peu comme si on se retrouvait à faire les fous dans la cour de récré, après un long entretien passionnant avec un Bourgogne blanc.

Le prix? 6,40EUR, c'est presque trop beau pour être vrai. Je n'ai malheureusement pas d'adresse à vous proposer pour le trouver aisément en Belgique, mais ces négociants se déplacent de temps en temps dans nos contrées, je vous renvoie donc vers le site internet de Lionel Osmin & Cie, très complet par ailleurs! Vous y trouverez notamment un index très instructif sur les cépages autochtones méconnus.
La gamme de vins est très vaste, j'ai également craqué pour leur Irouléguy mais c'est une autre histoire qui trouvera sa place plus tard sur ce blog...

Ma note globale: 91/100

mercredi 26 février 2014

Rully blanc premier cru "Meix Cadot" 2009, Vincent Dureuil-Janthial, Bourgogne

Rully jeunesse!

Je vais vous parler maintenant d'un vin hors du commun. Un vin inoubliable, grandiose. A boire dès à présent, mais un vrai trésor pour sa cave, également. Il s'agit du Rully blanc Premier Cru "Le Meix Cadot" 2009, de la maison Vincent Dureuil-Janthial.
Un tout grand vin de Bourgogne dans une appellation moins prisée que Meursault ou Montrachet, et donc plus douce pour le porte-feuille, on tourne aux environs de 20 euros.

Dès l'ouverture de la bouteille, je me suis aperçu qu'on avait ici quelque chose d'unique et de très intense. Tellement intense que je me suis esclaffé tout seul dans ma cuisine après une première gorgée qui ne voulait jamais me quitter. Dément! C'est presque trop beau de déguster un nectar comme celui-là. Un peu comme si on était privilégié, aux premières loges d'un spectacle inédit, à la fois aux anges et coupable de prendre la place de quelqu'un d'autre.

Et ce spectacle, alors, comment vous le décrire? C'est extrêmement complexe. C'est d'ailleurs fou de constater combien le cépage Chardonnay peut s'exprimer différemment du nord au sud de la Bourgogne, mais je ne vous apprend rien. Au nez, nous avons, entre autres arômes, des fruits compotés, pommes, poires, bien mûrs. En fait j'ai de suite pensé au sirop de Liège, c'est frappant. C'est doux, très expressif. Un peu de fleurs blanches enrobent le tout. Il y a des notes vanillées, boisées, l'élevage en barrique en est sans doute à l'origine, mais c'est parfaitement fondu dans l'ensemble.

En bouche, une acidité dosée au millimètre près vient titiller les papilles. La matière dense ne laisse aucun répit, un soupçon de gras ou plutôt d'onctuosité m'apparaît en faisant voyager le vin en bouche. Les arômes évoqués au nez sont bien au rendez-vous et se font des politesses. L'alcool, on y pense même pas tant l'équilibre est renversant (c'est la magie de la langue française, je n'y peux rien). ;-)

C'est déjà incroyable en l'état, et pourtant ce n'est pas terminé. La finale viendra vous cueillir par surprise, avec des notes très marquées de champignons nobles fraîchement récoltés. Et ça va durer, durer, durer... Les champis, ce n'est pas ce que je préfère, mais ce vin est tellement bien orchestré que je me laisse prendre au jeu. Alors autant dire que ceux qui apprécient seront au paradis... blanc.

Vous en voulez davantage? Au risque de paraître ridicule aux yeux de vos convives, humez le verre une fois vidé, avant de vous resservir. C'est somptueux. C'est là que le boisé s'exprime le plus. Ce n'est pas donné à tous les vins de laisser d'aussi belles empreintes olfactives.

Comme si ça ne suffisait pas, sachez que ce vin n'a pas bougé d'un poil en 24 heures d'ouverture. Il a conservé son équilibre tout du long. Robuste, le bougre! Et donc, au sein d'une cave appropriée, il traversera au moins jusqu'à 10 années sans aucun problème.

A quelle occasion boire cette merveille? Je ne me risquerai pas sur les accords mets/vins, ce n'est pas mon domaine, mais je pense tout de même qu'un chapon aux morilles serait un compagnon respectable. Ceci dit, un grand blanc typé comme celui-là se boit pour ma part pour lui-même. Pour immortaliser un grand moment, jalousement en solitaire, ou avec une personne qui a la même sensibilité que vous. J'ai besoin de calme, de concentration et de temps pour communier littéralement avec ces vins d'exception pour en capter toute leur essence, et je n'en ai pas toujours l'occasion entre amis parce que les flacons se vident rapidement à plusieurs. Et pour l'apéro entre potes, une kyrielle d'autres vins font parfaitement l'affaire, j'en ai déjà présenté ici.

Pour terminer, sachez qu'un grand nombre de cuvées sont produites chez Dureuil-Janthial, notamment deux autres premiers crus de Rully, mais également le même Meix Cadot en vieilles vignes (qui ont plus de 80 ans je crois). Peut-être plus difficile à trouver, et plus cher. Le jeu en vaut-il la chandelle? Je ne demande qu'à m'y risquer!

Vous trouverez le site du domaine en cliquant là.

Ma note globale: 98/100, sans sourciller