dimanche 25 janvier 2015

"M" Comme Je Suis 2010, rouge, Mas de Mon Père, Frédéric Palacios, vin de France

A l'aveugle, je suis parti sur un vin du sud-ouest, à cause de sa puissance, et avec une aromatique qui me rappelait le Bordelais. C'est un 100% Merlot produit dans le Languedoc, en fin de compte. Voici déjà le second vin du Mas de mon Père que j'ai à vous proposer! Cette cuvée est née en 2008, il n'y a donc que quelques millésimes à se mettre sous la langue aujourd'hui, et certainement un bel avenir lorsque le vignoble sera à nouveau en pleine forme.

Le nez au repos peut sembler un peu unidimensionnel sur la cerise et quelques épices, mais en agitant le verre la métamorphose est saisissante, ce nez prend de l'ampleur, le fruit se noircit et m'évoque tantôt les baies sauvages, tantôt la réglisse. En bouche, l'acidité n'est pas très forte mais suffisante, les tanins sont peu nombreux mais très fins, ils sont aussi malheureusement masqués par un alcool un peu trop agressif. Aux arômes déjà évoqués viennent se mêler des notes de tabac, un peu de végétal. Le vin tapisse bien le palais, et comme lors de la cuvée "Insolite" on sent la montée en puissance jusqu'à la finale qui est assez persistante mais avec une amertume que je trouve très prononcée, au niveau de certaines de nos bières spéciales belges. Surprenant sur du merlot, je dois dire que ça gâche légèrement l'harmonie escomptée à l'olfaction et à la mise en bouche. J'aime l'amertume, mais tout est dans le dosage. Peut-être que deux ou trois ans de cave malgré ses quelques années de vol pourraient l'attendrir? Il a en tout cas assez bien tenu la distance sur 24 heures.

J'en profite également pour vous refiler un petit tuyau sur une boutique qui s'appelle Proef de Passie, je n'ai pas encore testé mais ils proposent un sacré éventail des vins de Frédéric Palacios dans plusieurs millésimes, d'autres domaines de la Malepère sont représentés, et également la possibilité de recevoir quelques colis "découvertes" avec frais de ports offerts!

Ma note globale: pas évident à noter, la complexité aromatique insoupçonnée mérite d'être soulignée, mais je vais donner 79/100 pour l'ensemble.

samedi 24 janvier 2015

Soif du Mal 2012, rouge, Jean-François Nicq, Domaine Les Foulards Rouges

Heureusement que j'étais seul pour descendre cette bouteille... non pas que je n'aime pas partager, que du contraire sinon ce blog n'aurait pas vu le jour, mais si j'avais été accompagné, c'est un magnum qu'il aurait fallu! Les vins que l'on qualifie "de soif" sont monnaie courante aujourd'hui. La plupart des domaines en proposent, souvent comme vin d'entrée de gamme. Mais il est rare d'en trouver d'aussi gourmands, surtout dans ce coin du Roussillon où les vins charpentés sont davantage à la mode. C'était dangereusement bon. Et encore, dangereux, pas tant que ça, puisqu'il s'agit d'un vin sans sulfites ajoutés. Tu fais glou, re-glou, et oh surprise, ton verre est vide.

Les Foulards Rouges, c'est Jean-François Nicq aux commandes d'un domaine de 14 hectares depuis le début des années 2000 à Montesquieu des Albères dans les Pyrénées-Orientales. Ma première rencontre avec ce domaine s'est concrétisée l'an dernier sous la forme d'une autre cuvée: les Glaneurs 2011, pur grenache si je ne m'abuse. Ce vin ne m'a pas laissé un souvenir mémorable, mais c'était bien fait et également très digeste. "Soif du Mal" par contre, classé en vin de France, m'a donné le sourire!

Le premier nez sur le goulot est si particulier que je ne suis pas certain d'avoir un rouge face à moi (j'ai pioché et ouvert cette bouteille totalement à l'aveugle). Mais une fois versé dans le verre, le doute n'est plus permis. Le nez est extrêmement séduisant, les fleurs genre pivoine et violette se partagent le bouquet à parts égales avec des fruits croquants tels la cerise, la prunelle à l'eau de vie. Point de gaz perlant à l'ouverture comme on en rencontre parfois sur les vins dits "natures", par contre une réduction légère mais palpable perturbe un peu la dégustation, pas au point d'être dérangeant mais cela nuit un peu à la pureté du fruit. Un carafage modéré ou patienter quelques heures bouteilles ouvertes permettent de se débarrasser de cette phase sans difficulté. En bouche, on retrouve les arômes cités précédemment, et c'est très souple d'emblée. L'acidité est au rendez-vous, en quantité idéale pour apporter la fraîcheur, élément central de ce vin. Très peu de tanins, et un alcool modéré (12,5%) nous emmène vers beaucoup de gourmandise en milieu de bouche, sensation qui se poursuit jusqu'à la finale fruitée et de longueur convenable. Il y a une âme dans ce vin, un petit quelque chose de pur et franc qui m'a touché. Une certaine complexité et des parfums atypiques me rendent suffisamment curieux pour ne pas m'en lasser si cette cuvée me servait de vin quotidien. Mais ce ne sera pas le cas étant donné son prix ambitieux, entre 16 et 18 euros. Mais pour un petit plaisir entre amis, c'est jouable. Les vins du domaine sont assez bien représentés en Belgique, visez A Taste Affair, The Wine Agency, et évidemment Vive le Vin. Et si vous en trouvez comme moi en solde, foncez!

Je quitte la pièce en vous laissant une petite vidéo de présentation de cette propriété, temple des cigales!

Ma note globale: 89/100

jeudi 15 janvier 2015

L'insolite 2008, rouge, Mas de Mon Père, IGP pays d'Oc, Malepère

Ça y est, j'ai enfin pu découvrir un vin du Mas De Mon Père, autrement que par la lecture. En effet, Frédéric Palacios est très populaire sur la toile. Il a des fans inconditionnels parmi les blogueurs que je consulte régulièrement, comme par exemple les Décolages de Christian, le blog d'Abistodenas, pour n'en citer que quelques-uns. A voir également, une série de vidéos très intéressantes en compagnie de Frédéric Palacios, proposées par Les Caves de Trinque Fougasse, caviste montpelliérain qui doit valoir le détour!
Cet engouement est dû très certainement à la sympathie du bonhomme, à la qualité de ses jus singuliers, mais aussi à un grand élan de générosité de ses collègues et amis suite à la catastrophe qui lui est littéralement tombé dessus, à savoir la grêle cet été dans le Languedoc, la Malepère ayant été particulièrement touchée... dans le cas du Mas de mon Père, c'est quasi de zéro qu'il faut repartir. C'est grâce à l'apport de raisins des voisins qu'il aura pu néanmoins vinifier quelque chose, cette cuvée s'appelle "la part de l'orage", où plutôt s'appellera, puisqu'on peut la réserver en primeur afin de relancer la trésorerie. Un très joli refus d'abattement!

J'ai participé à une véritable chasse aux trésors chez Vive le vin, caviste liégeois lors d'une journée déstockage, fonds de loge et compagnie. Résultat, je ne sais plus où ranger les caisses! Et au beau milieu de ces références se trouvait cet "Insolite" 2008. Pas tout jeune, certes, mais c'est un 100% Malbec, ce qui ne devrait pas poser problème avec ce cépage plutôt atypique dans ce coin de la France!

Et je dois dire que ça ne se présente pas très bien à l'ouverture. Le nez est presque absent, hormis une pointe aisément identifiable de violette, caractéristique qui ne faiblira pas du début à la fin de cette dégustation. En bouche, heureusement, je perçois directement la matière, mais sous la forme d'une acidité qui ne sait pas trop où se mettre et sur des tanins extrêmement durs et une finale un peu courte porteuse d'épices. Peu de fruit, il se pointe en coeur de bouche. Je me dis alors que j'ai peut-être dérangé le nectar dans un sommeil profond. Je lui ai laissé un peu de temps pour émerger, le nez s'est légèrement ouvert mais avec un côté peu flatteur genre terre humide, et la bouche est restée aussi brouillonne qu'un groupe de jeunes musiciens régionaux au début de son projet. Mais je n'allais pas lâcher l'affaire aussi facilement, j'ai pris le taureau par les cornes en sortant la carafe du placard.

Et là, après 6-7 heures d'aération, la magie a opéré, les discordances se sont transformées en accords mélodieux. La réglisse a fait la cour à la violette, ils m'ont emmené dans les sous-bois. La bouche s'est révélée franche, les tanins se sont civilisés, mais pas trop, juste assez pour laisser l'acidité amener sa touche de fraîcheur. L'alcool (13%) est merveilleusement intégré au point de se faire oublier, prouesse appréciable avec ce cépage. La finale est assez percutante avec un retour des notes épicées et de noisette, et de bien plus agréable longueur qu'au départ. En résumé, une intro discrète, un milieu de bouche qui prend de la hauteur, et une finale puissante. J'ai bien aimé, et j'en ai profité presque deux jours. Car malgré son côté digeste appelant à se resservir, j'ai préféré le siroter pour voir si d'autres surprises m'attendaient. Il n'y en a pas vraiment eu, si ce n'est que le vin s'est très bien tenu jusqu'à la dernière goutte.

Je crois que j'ai récupéré un "M. comme je suis" de ce domaine, mais il n'y avait plus de "Partez pour le rêve". Je vous conseille toutefois de rendre visite à Philippe Devos dans son magasin Vive le Vin, rue des Vennes à Liège, la vente en ligne n'étant pas proposée directement. Vous y trouverez des bouteilles rock'n'roll, des vins bios, biodynamiques, ou plus classiques, mais avec une histoire pour chacune que le maître des lieux se fera un plaisir de vous conter.

Ma note globale: 83/100

mercredi 14 janvier 2015

Three Graces 2008, sparkling, Chapel Down, Kent, Angleterre

J'ai pris des risques, lors du repas d'entre-fêtes que nous avons organisé pour la famille à la maison le 27 décembre. Si ma compagne avait la tâche colossale de nous concocter un menu que nous ne serons pas prêts d'oublier, j'avais de mon côté la responsabilité du jeu de quilles. Et pour l'apéritif ainsi que sur les verrines d'entrée, j'ai choisi de mettre à l'honneur des bulles anglaises.

Bouteilles cachées sous chaussettes, évidemment. Je ne suis pas totalement fou. Et je tenais à recevoir les avis en toute objectivité. Mais j'étais plutôt confiant, pour avoir testé une semaine plus tôt, en guise d'échauffement, la cuvée "Three Graces" 2008 qui m'a complètement conquis.

En route vers le vignoble de Tenterden dans le Kent, au sud-est de l'Angleterre. Chapel Down Winery est l'un des plus grands producteurs du pays, on y trouve des bulles, des vins tranquilles en rouge et en blanc, ainsi que du cidre ou de la bière. Dans cette bouteille, Chardonnay, Pinot Noir et Pinot Meunier se côtoient après 4 ans de maturation sur lies. La bulle est d'intensité faible mais tout de même fine et délicate au palais. C'est évidemment un peu déroutant, surtout si on est habitué à la bulle turbulente du Cava ou à celles élégantes et persistantes des nobles champagnes. Je pense toutefois que c'est voulu et que ce n'est pas un défaut ou un manque de soin, il s'agit juste de proposer un peu moins de pression pour permettre au fruit de s'exprimer sans être noyé par l'effervescence. Et ça vaut vraiment la peine de se plonger dans ces multiples couches d'arômes. Les fruits rouges, la framboise du pinot noir accueillent le nez, tandis que le fruit blanc et le brioché du Chardonnay reprend les commandes en bouche. La finale est longue, l'acidité est distillée avec parcimonie. C'est donc un mousseux très, très vineux, c'est d'autant plus impressionnant! Les changements climatiques ne sont pas néfastes pour tout le monde... Une belle claque et beaucoup de plaisir avec cette bouteille pleine de finesse. Aux environs de 23 euros, c'est à découvrir d'urgence! Il doit en rester chez Crombé.

Ma note globale: 90/100

En ce qui concerne les deux autres cuvées Chapel Down servies à ce repas, le "Vintage Reserve Brut" a fait le boulot, une bouteille honorable et plaisante qui a été davantage plébiscitée par les dames en présence. Digeste et à la bulle un brin plus guillerette que le "Three Graces", je l'ai toutefois trouvé assez court en bouche. (15 euros)
Le Blanc de Blancs 2008 par contre est également assez fascinant, on retrouve cette bulle fine et les notes classiques mais si exquises du Chardonnay des climats frais. Autour des 23 euros également, ne laissera pas indifférent les amateurs du style blanc de blancs.

Pour l'anecdote, voici les autres vins servis mais que je décrirai plus tard lors d'une dégustation future, n'ayant pas pris de notes:
- Löwengang Chardonnay 2011 d'Aloïs Lageder: Un de mes gros coups de coeur en blanc lors de la dernière dégustation organisée par Licata Vini. Bouteille ouverte un peu tardivement, n'a pas délivré tout son potentiel, mais grand tout de même! Le - Poulignano-Montracheto - du Trentino Alto-Adige! ;-)
- "Oumage" 2005, rouge, Vacqueyras, domaine Le Sang des Cailloux: bouche de velours et complexité folle, bouteille hors du commun.
- Sfurzat "5 Stelle" 2010, Nino Negri: retour flamboyant vers l'Italie, une concentration accaparant tout le palais, un vrai vin de méditation pour terminer la soirée... sans oublier le Cognac pour les plus braves: "Réserve des Anges", du domaine le Cep Enchanté.

vendredi 9 janvier 2015

Cabernet Sauvignon 2010, Paul Dolan Vineyards, Mendocino County, Californie

Un vin astucieusement travaillé, complet et à multiples facettes, avec un rapport qualité/prix sidérant, voici ce que je peux vous dire en prélude de ce compte-rendu de dégustation. Je vous emmène pour un mini-trip au nord de la Californie, au coeur de la zone de Mendocino. Paul Dolan Vineyards est un projet assez récent puisqu'il a vu le jour en 2006, mais avec un homme d'expérience aux commandes. La production se veut saine, vins bios pour certaines cuvées, vins carrément biodynamiques pour d'autres. Si je n'ai testé que ce 100% Cabernet Sauvignon, on peut se laisser tenter par un Sauvignon Blanc, un Zinfandel, un Pinot Noir, le Deep Red qui semble être le vin icône du domaine, voire même par des bulles de Chardonnay.

Le nez est avenant et expressif, les baies sauvages, le cassis, le tabac et la réglisse me titillent les narines dans un ensemble cohérent. En bouche, une belle fraîcheur m'accueille d'emblée, des tanins nombreux mais veloutés, bien disciplinés, ainsi qu'un alcool modéré et bien intégré dès l'ouverture de la bouteille malgré les 14,5% affiché, ce qui est très encourageant pour un pur cabernet d'Amérique. J'ai une véritable impression de puissance contenue, d'un pur sang fougueux extrêmement bien dressé. Ceci est probablement dû à une excellente qualité d'élevage, parce qu'on devine à peine les 15 mois que ce vin a passé en barriques. La finale est logiquement longue et savoureuse, il ne peut en aller autrement avec un tel équilibre, sur la réglisse et les fruits mûrs, une pointe de caramel parachève l'oeuvre. Un chouette compagnon hivernal, qui pourrait d'ailleurs faire bonne figure sur vos gibiers de fête, et qui peut faire très mal à beaucoup de vins bordelais. Tentez de le comparer à la suite d'un bon Médoc ou d'un Saint-Julien, voire avec un Cabernet chérot de la Napa Valley, discussion et plaisir garantis à votre table! Quelle justesse, et quel sens du détail! Keep on doin'!

Vous pouvez commander ce nectar pour environ 15 euros chez Crombé, encore une boutique flandrienne qui propose des choix étonnants dont je vais continuer à vous entretenir dans les posts à venir.

Ma note globale: 91/100, et c'est un minimum.

Quitou.com, mes impressions sur le pack numéro 1

C'est le début d'une belle aventure qui se dessine. Un projet belge, ambitieux et dans l'air du temps. L'idée? Apprendre à démystifier le vin, en visionnant des vidéos didactiques en ligne, tout en dégustant les bouteilles chez soi. Les tarifs sont raisonnables, et la boutique sur le site permet d'acheter les vins qui vous auront convaincus. Ce qui me plait, chez Quitou (Jean-Christophe Cools), c'est son esprit de synthèse que je trouve fort développé. C'est assez rare de nos jours, et ça fait du bien parfois de rassembler des concepts et des idées efficacement dans ce monde si vaste qu'est celui du vin, où les débats et les remises en question sont légions.
Allez donc jeter un oeil sur Quitou.com!

Attention, si vous tentez l'exercice, ne lisez ce qui suit qu'après l'expérience, il y a du spoil dans l'air!

Le Rhône et le Blayais se mesurent lors de ce premier round. Rouge à rouge. A ma gauche, le Côtes-du-Rhône "Roulepierre" 2012de Pierre Amadieu, à ma droite, le Château Pey-Bonhomme-Les-Tours 2012 des Vignobles Hubert en biodynamie en appellation Blaye-côtes-de-bordeaux.

Le Rhône est dans les starting-blocks. Il est déjà relativement prêt à tenter de me séduire dès l'ouverture de la bouteille. Le nez est d'intensité assez moyenne, mais plutôt agréable sur des fruits bien mûrs et un petit peu d'épices de la garrigue qui trahissent volontiers son origine. L'alcool est également perceptible au nez, et cette sensation sera confirmée par la bouche. C'est malheureusement souvent le petit piège dans lequel tombent une bonne part des Côtes-du-Rhône à majorité Grenache. Cependant, ce vin échappe de justesse à la lourdeur grâce à une fraîcheur acidulée qui vient soulager le palais. En rétro, l'impression fruitée se confirme plus nettement, avec un côté peu courant qui me plait me rappelant les abricots, voire les fruits secs ou les pruneaux. Les tanins sont bien enrobés. L'alcool réchauffe le gosier sur une finale rondelette, de longueur raisonnable. Un flacon à mon sens davantage tourné vers la table que vers le plaisir en solitaire. J'ai bu plus exaltant en "simple" Côtes-du-Rhône, mais c'est tout de même assez bien fichu et ça parle local, il y a du savoir-faire, et je serais curieux de découvrir les Gigondas de ce domaine si l'occasion se présente.

Ma note globale: 79/100

La belle surprise viendra de ma droite. J'ai tourné le dos aux Côtes-de-Blaye depuis un moment déjà, parce que je n'aime pas qu'on me voie faire la grimace. J'ai eu peu de chance avec cette appellation. Il est vrai que mes expériences en la matière concernent surtout des vins d'obscurs domaines consommé au restaurant, mais ce furent des échecs assez cuisants. Et pourtant, pourtant...

Cette bouteille, comme toute starlette qui se respecte, se fera attendre. Deux à trois heures seront nécessaires avant de pouvoir en profiter, et c'est après une demi-journée que je la préfère.Le nez est plus démonstratif. Je constate d'abord un côté sanguin, qui s'atténuera au fil des heures, pour laisser le champ libre à un fruit plus rouge que le vin précédent de type cerise, à du mimosa, et à des notes intéressantes de fumée, de tabac, voire de cendres d'après-barbecue. Je capte un petit air iodé aussi. J'aime. Ceci provient soit d'un apport des deux cabernets présents en mode mineur dans cette cuvée, soit d'un élevage sous bois que je trouve au passage extrêmement discret et ce n'est pas pour me déplaire.

En bouche maintenant: un vin très structuré qui s'articule autour de tanins nombreux et nerveux qui me feraient presque oublier que le merlot est majoritaire et qu'on se trouve sur la rive droite. La pointe de Malbec y est-elle pour quelque chose? (Ne jamais oublier le Malbec! ;-))
Une très belle acidité porte l'ensemble vers un peu plus de hauteur, et l'alcool est très bien intégré, ce qui donne un vin très digeste. Un peu de végétal, de poivron m'apparaît en rétro, suffisamment modéré pour ne pas bouleverser l'harmonie de l'ensemble. La finale est de belle longueur, vaguement torréfiée mais notre cerise est toujours bien présente. C'est incontestablement un vin de garde, cinq années lui feront probablement le plus grand bien même si je suis séduit par son profil actuel.

Ma note globale: 86/100

And the winner is ... nous tous, en fait!

En conclusion: Au-delà des préférences de chacun, on a là deux styles de vins bien marqués, et fidèles à leur terroir respectif. Les vins de ce premier module nous permettent vraiment de faire la différence entre un vin tannique (le Blaye) et un vin qui l'est beaucoup moins (le Roulepierre). Il existe des Rhônes tanniques et des Bordeaux souples, c'est là toute la douce perversité de l'univers de Bacchus, mais au moins ces deux vins permettent de bien cerner le concept des tanins. Le concept de consommation à plus ou moins court terme / vin à conserver est également bien esquissé. Mais le plus important, c'est le plaisir que vous pouvez retirer de cet exercice et de la consommation de ces bouteilles proprement dites.

Rendez-vous prochainement pour le deuxième volet consacré au Chardonnay(s)!