jeudi 23 mars 2017

Bellet 2010, blanc, Domaine de la Source, Provence

Malgré l'abondance de cavistes aventureux dans ma région, cette appellation est quasiment absente par chez nous. Et pour cause, bien qu'ancienne, elle est minuscule. Une dizaine de domaines se partagent environ 70 hectares de vignes plantées entre 200 et 300 mètres d'altitude autour de la ville de Nice. On y produit les trois couleurs presqu'à parts égales, avec pour les rouges des cépages locaux tels que le braquet ou la folle noire, et pour les blancs dont celui que je partage avec vous ici, c'est essentiellement du rolle (ou du vermentino si vous préférez). La famille Dalmasso travaille 5 hectares au domaine de la Source créé au début des années 90.

J'ai pas mal attendu avant d'ouvrir cette bouteille... un peu trop, peut-être, puisqu'il s'agit d'un 2010. Résultat, le nez est assez évolué, quasi uniquement minéral mais malgré tout très expressif. Ca sent bon les cailloux, ce n'est jamais simple à décrire, et même si le bouquet global en est loin (ça ne pétrole pas) je ne peux m'empêcher de penser à un riesling sec alsacien d'un certain âge. Ce serait peut-être plus juste de comparer ce type de nez à un blanc languedocien de dix ans. A l'agitation, un peu de pamplemousse surnage. C'est sympa, mais j'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose. Par contre, en bouche, c'est assez phénoménal. C'est gourmand, il y a beaucoup de gras, c'est presque huileux par instant, mais c'est bien évidemment soutenu par une belle acidité qui équilibre magistralement le tout. Beaucoup de puissance donc, voire d'intensité, et petit à petit des notes gourmandes, florales et de miel tapissent le fond du palais, et ce sont elles qui rythment une finale de longueur très correcte. Une impression de grand blanc du sud donc, très digeste qui plus est, que j'aurai beaucoup de mal à noter parce qu'avec une telle matière j'aurais cru qu'il pouvait conserver davantage d'arômes de jeunesse. Loin d'être mort, il me semble toutefois judicieux d'en profiter maintenant parce que le plaisir est toujours bien au rendez-vous, j'ai passé un chouette moment.

Pour trouver plus d'infos sur ce domaine, c'est par ici.

Et pour vous en procurer, je vous suggère le site de vente en ligne français Cavagogo, le 2010 semble toujours être à la vente (un peu plus cher qu'il y a deux ans) à côté d'autres belles références et les frais de ports sont tout doux via Mondial Relay.

Ma note globale: Je vais me décider pour un bon 87/100

Le tire-bouchon est prêt, je peux d'ores et déjà vous annoncer que nous parlerons de Séguret dans le prochain article.

vendredi 17 mars 2017

Clos Florent 2011, rouge, domaine Semper, Côtes du Roussillon Villages

Ce 2011 est bien un Côtes du Roussillon Villages, mais sauf erreur, cette cuvée détient maintenant l'appellation Maury sec, puisque depuis fin 2011, Maury ne concerne plus uniquement les vins doux naturels. Elle est composée à 80% de grenache, 16 ou 17% de carignan et d'une larme de syrah.
Ce petit monstre m'avait véritablement touché lors d'une dégustation à un salon verviétois, les autres vins du domaine valant aussi leur pesant d'or. Mais deux ans plus tard, j'ai eu envie de vérifier si l'émotion était toujours au rendez-vous, et j'ai le plaisir de vous annoncer que c'est bien le cas!

Peu bavard à l'ouverture, il m'aura fallu attendre environ trois heures pour qu'il se livre pleinement. Le nez, d'intensité moyenne, donne le ton avec beaucoup de cerise (fil rouge de ce vin qui s'étire jusqu'à la finale), un peu de fumée, une pointe de thym voire même de cannelle en agitant le verre. Peu d'évolution donc, logique. Ce n'est qu'après une petite journée qu'il a montré un léger accent d'oxydation ce qui n'est pas pour me déplaire sur ce type de rouge puissant du sud. L'alcool chatouille le nez aussi, c'est compréhensible étant donné les 15% affiché. Mais rassurez-vous, à part une finale délicatement chaleureuse, en bouche ça passe nickel. On n'en est pas très loin, mais j'ai inévitablement pensé à l'Espagne. L'élevage étant réalisé en demi-muid, on a toutefois bien moins d'arômes boisés que sur bon nombres de vins de cette intensité produits de l'autre côté de la frontière. Mais ce côté bonbon à la cerise si courant sur du grenache, forcément, ça fait voyager.
C'est en bouche que réside l'intérêt du Clos Florent. La comparaison avec une vague est flagrante. Cela démarre en douceur, cela semble léger, voire un peu plat, mais progressivement la matière se déploie et il y en a énormément. Les tanins sont très souples, mais il y a de la mâche, ce vin semble presque solide lorsqu'il déboule à l'arrière du palet. Mais une fois avalé, la finale s'installe et nous fait lentement redescendre en douceur sur une impression plus suave, je ne dirais pas sucrée, avec cette cerise très pure. Finale de longueur très convenable. L'acidité n'est pas très élevée mais il y en a juste assez. Très chouette bouteille avec une personnalité qui lui est propre. Il peut sans doute dormir encore dans votre cave pendant 5 à 6 ans, mais il faudra peut-être éviter d'attendre trop longtemps pour éviter que toute cette matière ne soit asséchante. Ce n'est que pur spéculation de ma part ceci dit, et de toute façon je l'ai adoré en l'état.

Voici quelques informations complémentaires sur le domaine, au bout de ce lien.

Ma note globale: 93/100