vendredi 5 août 2016

La Moraia 2010, cabernet sauvignon, Podere Luisa, IGT Toscana

Voici un véritable piège en dégustation, en tout cas pour ma part. C'est dire si la route est longue... Je l'ai bu totalement à l'aveugle, pour le plaisir de l'exercice. Inutile de préciser que j'ai lamentablement échoué sur sa provenance, par contre, et c'est bien là le plus important, il s'agit d'un bien joli vin! Nous sommes dans la province d'Arezzo, vers Montevarchi, au domaine certifié bio Podere Luisa. Petite propriété d'environ 5 hectares, pour une production de 10.000 bouteilles réparties sur 5 à 6 cuvées selon les années.

Je suis parti dans un premier temps sur la Bourgogne, à cause d'une acidité très forte, d'une belle structure tannique très fine donc sans accroc, et d'un alcool modéré (on est à 13%). Le tout est très digeste. Il y avait également un délicat boisé (j'ai peu d'informations sur ce vin, je n'en connais pas l'élaboration mais je pense qu'il a tout de même vu le bois, bien que pas neuf). En tout cas, c'est merveilleusement intégré. J'avais misé sur 2011, et c'est un 2010 qui comme on le sait fut aussi une grande réussite en Toscane. Et à ce jour, il est encore dans sa jeunesse, la maturité est toute proche. Le nez est hyper-élégant, expressif juste ce qu'il faut, essentiellement sur des fruits noirs dans un premier temps, ces notes boisées (plutôt toastées mais pas vanillées) que je viens d'évoquer, et quelques épices dans un second temps. Malgré deux ou trois cerises, ça ne pinotait pas particulièrement, d'où mes premiers doutes sur la Bourgogne. Cela ne m'évoquait pas la Loire non plus, par contre j'ai arrêté mon choix sur le sud-ouest de la France, et si j'ai songé bien entendu à un vin étranger, jamais l'Italie ne m'est venue à l'esprit. Parce que par moment, une petite pointe de tabac, de mine de crayon si caractéristiques du cabernet sauvignon s'est exprimée. Il s'agit de jeunes vignes, 10 ans en moyenne, ce qui explique certainement ce côté fruité plus noir que rouge mais tout juste, pas gorgé de soleil, très loin de la compote. J'imagine donc que les raisins ont été cueillis à parfaite maturité. La finale est de longueur moyenne, rehaussée par une pointe de noisette voire de miel, très discret encore une fois, cette typicité qu'on retrouve souvent dans les vins réalisés de façon dite "nature" mais sans aucune exagération, cette finale m'a définitivement fait quitter Beaune sans pour autant que le cépage soit clairement identifiable. Le vin n'est pas filtré, il y a donc un dépôt assez important tout au fond. Et quand j'y arrive, je sais que c'est terminé, la nostalgie est déjà latente, preuve que j'ai passé un bon moment avec cette quille, qui n'aura pas bougé sur 24 heures, la finale s'est à la limite un peu accentuée. Idéal à boire en 2016, peut-être au sommet de son art d'ici deux ans. Je ne sais trop à quelle cuvée le comparer, qu'importe, La Moraia est unique!

Ma note globale: 88/100