Partons ensemble à la chasse aux trésors cachés, dans une région de France trop souvent oubliée lorsque nous évoquons nos coups de coeurs bachiques, j'ai nommé la Haute-Savoie! On y trouve toute une panoplie de cépages, dont certaines dénominations géographiques s'en font une spécialité. Or la bouteille du jour vient d'Ayse, et c'est 100% Gringet. D'après les informations recueillies sur le site du domaine Belluard très fourni dont je vous recommande la visite, il n'y aurait que 22 hectares de cette variété en production aujourd'hui, la maison en possède 10. On y suit la philosophie de la biodynamie, et l'élevage de cette cuvée parcellaire "Le Feu" s'effectue dans des oeufs en béton.
Le nez est très changeant dans les premières minutes, signe d'une complexité indéniable et probablement d'un beau potentiel d'évolution. Si ma première impression est florale et originale (dans le sens unique à ce vin blanc), je parviens à définir peu à peu un registre d'agrumes (citron vert, cédrat), pin, verveine, c'est très frais et captivant. La Corse me vient en tête, allez savoir pourquoi. La bouche propose une attaque acidulée bien nette, mais on bascule vers un gras assez intense également, il est rare de trouver une telle dualité dans la structure, à part dans les très grands blancs élevés en barriques mais tout ça sans aucune sucrosité ou suavité. Les arômes se substituent également au cours de l'agitation et au fur et à mesure de la gorgée, la pomme et la pèche prennent le pas sur les agrumes, et la finale est longue sur des notes de noisettes voire d'amandes, mais aussi sur du très beau raisin blanc. Un nectar qui offre beaucoup de caractère, un vrai goût de "revenez-y". Un vin impressionnant pris tel quel et qui doit marquer les esprits lors d'une dégustation à l'aveugle, en tout cas je vais exécuter ce test prochainement sur le millésime 2013, mais il me semble indispensable de connaître sa genèse (Savoie, cépage ultra-rare, élevage moderne...) pour en saisir pleinement l'essence, ça donne d'autant plus de prestance et de noblesse au jus.
Entre 25 et 30 euros la quille, ce n'est pas cadeau, mais vous risquez fortement d'aimer! J'ai bien envie de déguster le mousseux produit aussi au domaine Belluard avec le Gringet.
Tentez le coup chez le sympathique et multilingue Mark Longin de Proef de Passie, ils en sont à ce jour au 2013.
Ma note globale: 94/100
pour ma part je suis arrivé sur de la figue, c'était en effet complexe mais la droiture ainsi que la fraicheur époustouflante nous a conduit à siffler étonnement vite et peut -être bêtement la bouteille, nous qui somme du sud... c'est un vrai trésor à un certain prix mais quelle finesse quelle élégance, quel détonation, c'était sur le même millésime.
RépondreSupprimerMerci pour ce retour! Je ne pense pas que ce soit "bête" de descendre rapido ce genre de bouteille, parce que tout y invite, on a bien le droit de se faire plaisir. L'idéal est d'en avoir une seconde en réserve pour explorer davantage. Seule la complexité apparente et latente m'a freiné parce que je voulais essayer de découvrir jusqu'où ce vin pouvait me surprendre. Et j'ai pu me restreindre parce que j'étais seul. Le millésime 2013, dégusté en groupe dix jours plus tard, a été englouti en un temps record. Il est plein de promesses, mais il mérite un ou deux ans de garde pour se livrer sans se cacher, et alors nul doute qu'il sera aussi bavard que le 2012 en temps voulu.
RépondreSupprimerEn effet tout y invite. Je disais bêtement peut-être parce que je n'en avais qu'une. La frustration vient me piquer de temps en temps car ce vin est difficile à trouver et à s'offrir , je ne serai pas étonné de voir le prix grimper un petit peu aussi.
RépondreSupprimerJe n'espère pas.
En tout cas je te remercie pour ton avis sur 2013!